On me demande souvent ce que je fais de mes journées. Si ça avait tendance à m’agacer au début, j’ai fini par accepter ce qui, finalement, n’est qu’une question anodine et un témoignage d’affection de la part des personnes qui me le demandent. Mais pour moi « Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui » est devenue une véritable question existentielle – par nature angoissante.
Je me pose cette question tous les matins au petit déjeuner. Et je la pose à Manu, qui était devenu un maître ès oisiveté, en France les 6 derniers mois avant de partir à Boston. Pour lui, c’était le bonheur et il me conseille aujourd’hui d’en profiter le plus possible. Et en le voyant à l’époque, c’est vrai que je rêvais de cette vie tous les jours différente, mêlant flemme et activités sympas. Confrontée à cet océan de possibles, franchement, c’est plus compliqué que ça en a l’air, et ici pour moi les paramètres sont différents : la ville est nouvelle, c’est l’hiver…
Mon credo doit donc être : carpe diem, et telle une ado un peu simplette, je devrais le taguer au blanco sur mon sac à main, ou mes baskets. Bon en tout cas, j’essaie de vivre selon les trois principes suivants :
- Me trouver une routine dynamique,
- Toute idée de sortie est bonne à prendre,
- Toujours essayer de parler aux gens
Ma nouvelle routine : le yoga
Pour rythmer mon quotidien, je vais au yoga. J’essaie d’y aller tous les jours. J’y allais déjà à Paris mais juste 2 fois par semaine. J’ai même essayé un cours de hip-hop yoga : un collègue de Manu nous a proposé de venir avec lui, et on ne pouvait pas refuser (cf. principe 2). Franchement, c’était horrible : la salle était bondée et surchauffée, du Lady Gaga à fond pour nous motiver. On était au premier rang avec Manu, on n’avait donc personne sur qui copier. C’était le deuxième cours de yoga de Manu de toute sa vie, donc, pas joli-joli.
Au début du mois de février, j’ai pris un abonnement illimité dans le centre de yoga testé en arrivant. J’aime bien le lieu et les profs, même si les cours ressemblent parfois à du fitness un peu extrême. Mais bon, j’ai l’impression qu’ici, il faut toujours que ce soit très « challenging » (leur mot fétiche) et surtout, il faut transpirer (gage de qualité).
Mais catastrophe : j’apprends trois jours après m’être inscrite que le centre doit fermer temporairement pour des vérifications de normes de sécurité. Coïncidence ? Je ne crois pas. Ma nouvelle routine tombe à l’eau et moi je déprime : je ne sais vraiment pas ce que je vais faire.
Heureusement, j’avais eu le temps de sympathiser avec l’une des profs, Sarah. On se retrouve un midi pour déjeuner dans un café sympa (je dis ça de façon désinvolte, comme si c’était normal, mais franchement je trépignais d’impatience à l’idée d’avoir une copine). Le déj était très cool et Sarah m’a même donné des coupons pour tester différents centres de yoga de Boston. Génial ! On est d’ailleurs allés ensemble à un cours de yoga dans un spa super chic, le genre d’endroit où je ne serais jamais rentrée seule, de mon plein gré.
Mon centre officiel de yoga s’est finalement délocalisé temporairement, au Harvard Club. Les cours ont lieu dans la salle de bal de l’université, c’est un peu comme faire du yoga dans la Galerie des Glaces à Versailles.
Imaginez l’incarnation vivante du mot « cossu » : salle immense avec rien de moins qu’un orgue, un plafond haut de 30 mètres (bon en fait je ne sais pas calculer à vue d’œil les distances, mais c’est haut), des cheminées à chaque bout de la salle, des tapisseries au mur (j’espère que la transpiration ne va pas les attaquer). Avec tous les tapis de yoga au milieu de la salle, le contraste est assez étrange… On est tout de même environ 100 personnes par cours, le prof a un petit micro pour qu’on l’entende bien de partout (comme une star en concert).
C’est un peu l’usine, mais bon, c’est du yoga à l’américaine.
Le moindre prétexte est bon pour sortir, même une signature de livre de cuisine
Il y a quelques mois, à Paris, je suis allée à une signature d’un livre dans une chouette librairie, mais ça faisait partie de mon boulot d’éditrice d’accompagner certains auteurs. Je me suis dit à l’époque que ça allait sûrement être le genre d’activités que je ferais à Boston. Cette simple boutade était en fait une véritable prophétie : la semaine dernière, j’ai vu sur Twitter que Béatrice du blog la Tartine Gourmande faisait une signature de son livre dans une jolie boutique. J’ai sauté sur l’occasion. Même si ça n’a pas duré plus d’un quart d’heure, c’était typiquement le genre de petite occupation qui peut me ravir pour la journée. Faites un tour sur son blog (en anglais) c’est canon (j’ai adoré son article sur les Grandes Plaines, je veux y aller !).
Maintenant, le moindre événement se transforme en véritable activité exploitée à fond. Dans mon nouveau mode psychopathe, avoir un nouveau livre de cuisine veut donc dire : le lire intégralement (en prenant des notes et en écrivant le vocabulaire anglais inconnu dans mon carnet), tester des recettes (pas seulement une, mais plusieurs), puis les prendre en photo.
Etre toujours sympa et prête à rencontrer des gens
On a remarqué avec Manu que les gens ici se présentaient très facilement (ou parlaient aux gens dans le bus, en faisant des remarques sur un vêtement par exemple). Manu m’a lancé un défi (et maintenant, le challenge, c’est ma vie), en me disant qu’un soir à la boxe il avait salué son partenaire à la fin de la séance par un petit : By the way, I’m Manu, nice to meet you. Il a gagné direct 100 points dans la catégorie : je me fais passer pour un américain sympa.
A mon tour maintenant de copier cette attitude amicale. Mais bon, ça marche pas encore super-super. En réponse au défi de Manu, j’ai voulu faire pareil hier au yoga, dans ce fameux Harvard Club. Je m’avance pour dire bonjour et serrer la main à la personne très souriante postée à l’entrée de la salle. Je suppose que c’est le prof.
– Hi, how are you? I’m Mathilde!
– Fine ! Thank you (ils insistent toujours vachement sur le « you » en faisant durer la syllabe), Hi Massilda. I’m **Fhagletresk** (prénom incompréhensible).
– Wonderful place ! You’re the teacher?
– No, I’m the butler.
(1) What the what ?!? un majordome pour un cours de yoga ?
(2) ce n’est donc pas le prof… pourquoi sympathiser avec lui ? cette pensée n’est pas yoguique, je sais…]
Autre perspective de sociabilisation, j’ai déposé une petite annonce pour trouver une conversation partner. Pleine d’espoir, j’ai collé sur un panneau d’affichage une annonce : JF cherche un « conversation partner » pour échange anglais et français. Et j’ai déjà eu deux réponses ! J’ai donc rendez-vous mardi prochain avec Mary, et vendredi prochain avec Susan. On va commencer par discuter et ensuite je leur ferais passer le test de compatibilité-amitié en leur chantant a capella un petit Véronique Sanson de mon cru. Leur réaction sera déterminante pour la poursuite de notre conversation.
Ce week-end, pas besoin de se casser la tête à organiser le quotidien, c’est l’apothéose des activités sympas : on part se promener à New York. A bientôt !
Vous feriez quoi vous, si vous aviez 100% de temps libre ? Toute suggestion d’activités est la bienvenue.
24 réflexions au sujet de “Alors, qu’est-ce que tu fais de tes journées ? // Comment s’organiser une nouvelle vie quand on est expat”
Bonjour, je viens de tomber sur ton blog et je le trouve top. Comme toi je suis arrivée sur Boston en Septembre 2010 et comme toi je me suis demandée comment occuper mes journées. On m’a alors parlé de cours d’anglais à Harvard. Je me suis inscrite pour une session en hiver (ils font passer un petit test genre Toeic pour faire des petirs groupes par niveau). A raison de 2 cours de 3h par semaine sur 3 mois. Ce ne sont pas des cours d’anglais comme en France où l’on t’inonde de règles de grammaire et de conjugaison.Tu passes 3h à débattre, échanger et confronter des idées (méthodologie américaine) avec d’autres étudiants étrangers. Chaque session a une thématique qui donne lieux à des analyses de textes connexes que tu prépares en amont. J’ai rencontré des gens géniaux dans ses cours dont certains que je revois encore. C’était super, des bons moment. Ici le lien: http://www.iel.harvard.edu/extension/register/
Bonjour, je viens de decouvrir ton blog avec grand plaisir. Que d’informations, et d’articles super. Merci de nous faire partager cela. Pour ma part apres 6’ans d expatriation a pekin, nous sommes arrivés il.y a 3 mois a chicago. Je n’ai pas encore eu le temps de faire grand chose mais j’adore déjà. je me rejouis de voir septembre arriver et de rentrer « a la maison » apres ces grandes semaines d’été au cours desquelles j’ai pu retrouver des amies de beijing. Garder des liens aussi avec nos amis expat…ca aussi c’est du sport ! Bonne continuation a boston
Merci pour ton message ! J’ai très envie d’aller à Chicago… peut-être dans les mois prochains (même si on va éviter l’hiver, venteux et glacial m’a-t-on dit?).
Bonjour,
J’ai découvert ton blog par hasard et je le trouve très intéressant ! D’autant plus que je suis dans le même cas que toi. J’ai débarqué à Seattle y a un mois et demi avec mon copain qui fait un post-doc à l’Université de Washington et, après quelques semaines à visiter la ville, les deux grandes questions qui se posent sont : que faire aujourd’hui et comment se faire des amis (enfin, des connaissances d’abord) ?! L’angoisse… Je suis en train de tester quelques pistes qui, j’espère, se confirmeront.
En tout cas, super blog ! Ca me donne des idées !
Hello Gaëlle ! Ce post date un peu maintenant, je l’ai écrit quelques semaines après être arrivée, mais c’était de vraies questions qui me taraudaient beaucoup à l’époque. Maintenant j’ai réussi à m’organiser une petite vie bien sympa, et j’ai même trouvé un boulot récemment.
Bienvenue sur le blog en tout cas, et bienvenue à Seattle !
Engoncé dans mon canapé en ce dimanche soir typiquement angoissant, je te lis. et surtout je lis que tu chanteras à cappella du Véronique Sanson à te « conversations partners »FOU RIRE ! merci d’avoir illuminé mon dimanche soir. Je t’embrasse
« …une nuit sur ton épaule, une nuit sur ton épauuuuuulle…. einnnnnnnnn……!!! »
Je n’ai qu’une chose a dire, chapeau ! Ton programme a l’air tres sympa et tres efficace. De quoi creer tout doucement des petites habitudes bien necessaires quand on part ainsi.
J’ai passe six mois sans travailler avant de partir en Australie et j’ai cru devenir chevre, j’etais strictement incapable de me creer une routine sympa, une horreur. Et pourtant, on avait les copains, nos marques, on ne debarquait pas tout juste… En revanche, aucun souci pour Cher&Tendre quand on est arrives ici : il a passe plusieurs mois sans travailler et il s’occupait avec grand plaisir, enchainant les balades et se lancant meme dans l’apprentissage de nouveaux langages de programmation informatique. Comme quoi, on n’est vraiment pas egaux devant le temps libre !
merci pour ton message ! effectivement, pas égaux devant le temps libre… et surtout quand je n’en avais pas, c’était mon rêve absolu et même temps, je m’empresse de chercher un max d’activités. Sympa ton blog, je l’ajoute dans mon Google reader !
Je crois que ce que je ferais ( et c’est ce que je faisais avant quand j’étais pas posée 🙂 ) Je me baladais dans la ville, autours de mon chez moi, pour trouver un chouette café/bar/salon de thé où boire un bon coca… Un bon moyen de faire des choses (lire, manger, écrire, dessiner ) en étant entourée et de devenir une habituée (pas un pilier de bar hein 😉 )
ca va faire 3 mois qu’on est arrivé en Nouvelle Zélande, 1 mois que j’ai mes journées à moi, et j’avoue que je commence à trouver le temps long.
Je rencontre des personnes à l’école (oui avoir des enfants aident à rencontrer du monde).
Pour m’occuper, je surfe, je twitte, je blogue, mais j’aimerais beaucoup pouvoir travailler…
Déjà, je trouve ta façon de gérer ton temps très chouette. Tu ne restes pas à la maison à te morfondre, tu fais tout pour t’intégrer. Bravo !
Ah du temps pour moi.. en ce moment j’en rêve ! Je travail, je fais actuellement des études et j’ai en prime un p’tit bout d’une année et demie. Alors du temps pour moi, en ce moment je ne connais pas trop. (ceci dit je ne m’en plains pas !)Mais je pense souvent à cette question « qu’est-ce que je ferrai des mes journées ». J’habite en Suisse. Avec mon mari nous avons le projet, pour son job, d’aller s’installer ailleurs en Suisse. Alors pour toi qui a fait tous ces kilomètres tu dois bien rire. Mais pour diverses raisons, pour nous c’est LE changement. Mais on a 25 ans et on en a vraiment envie de se lancer. J’ai toujours travaillé et je sais, qu’au début du moins, je n’aurai pas de job… Je t’avoue que ça m’angoisse un peu. Mais j’ai vraiment envie, tout comme toi, de profiter à fond. Le projet n’est pas pour cette année (je vais d’abord finir mes études) j’ai encore le temps d’y penser ! 😉
oulalaa excuse moi, j’ai été bien longue !!
Bonne continuation dans ta découverte de Boston et ses habitants !
xoxo
Merci pour ton message. Et bon courage pour ton changement de vie future !
coucou, je suis expat en Hongrie depuis un an et demi et je ne m’ennuie pas une seconde. Bon, faut dire aussi que j’ai deux jeunes enfants (5 et 2 ans) mais en journée, l’un va à la crèche et l’autre à l’école. Je prends des cours de hongrois, d’anglais, j’écris pour le journal francophone de Budapest, je visite la ville, je lis (aller au ciné en hongrois, c’est difficile quand même), je fais du shopping de temps en temps, je participe aux activités de l’association budapest-accueil (mais je ne sais pas si elle est dynamique à Boston et si les français sont sympa, ici ça va) et j’anime moi-même des activités (cuisine pour les enfants et éveil musical). Pourquoi ne pas proposer des activités pour les personnes qui sont dans ton cas par le biais de l’association ? (apéro une fois par mois par exemple, ici ça se fait et c’est très sympa pour rencontrer des gens).
Même si ce n’est pas toujours facile d’avoir finalement du temps devant soi, il faut effectivement en profiter à fond, ça ne dure qu’un temps.
sur couchsurfing il y a la fonction « activité » qui est vraiment super : une fois inscrite et après avoir renseigné ta position géographique, tu as accès à toutes les activités proposées par d’autres membres, qui vont de propositions de visiter la ville à deux (souvent de voyageurs/ses solitaires) à des bons plans en passant par l’organisation de rencontres, etc … sociabilisation ++
et je ne sais pas si ça existe aux usa, mais j’ai découvert comme ça les stripkitchen party qui sont un très chouette principe pour se rencontrer et partager des choses … http://www.kitchenparty.org/en/
ahhhhh, ça peut être marrant ça. J’avais pensé aussi me faire un peu de sous en louant une des chambres chez moi sur AirBnb… sous + gens, ça peut être un bon combo. Pas mal ton idée de Kitchen Party en tout cas !! je vais regarder ça…
Merci Lucie !!
Je crois que j’en rêve …. 6 mois devant moi sans la routine du boulot. Ne faire que ce que j’ai envie et ne devoir aucun compte à personne ….
Prendre mon temps , m’occuper de ma fille, faire de bons petits plats à ma famille , aller au ciné quand j’en ai envie, faire du sport …et la sieste quand j’en ai envie …
A ça , non , je crois que je ne m’ennuierais pas , du moins au départ !
Splendide la salle de yoga !
modeste et adapté à un cours de sport 😉
sans rire, c’était assez surprenant en effet !
dire que tu vas dans un spa de luxe alors que je me tape la grippe !!
la vie est injuste
c’est ce weekend que vous allez à NY ?
On part ce soir oui.
Grippe : ma pauvre…
t’es sûre que challenging n’est pas plutôt leur mot fétiche ?
sinon c’était très bien. 19/20
Merfi de la correction chère Hélène !
je me suis creusée la tête un moment pour comprendre ce que fétif voulait dire… J’ai pas réussi ! Merci Hélène
Je suis dans le même cas que toi. J’ai des heures entières devant moi à utiliser !
Je suis à la Réunion depuis 1 ans et demi et je ne connais personne. Autant dire que les journées sont longues….. bon il y a toujours la plage !!
Moi je serais toi, je profiterais à fond de la grande ville ! ici, c’est ce qui me manque le plus. Allez au Musée, lire dans un petit café tout mignon en se régalant d’un bon gâteau, flâner dans les rues en prenant en photo des choses insolites…. Tu as déjà plus de chance que moi, il y a de quoi faire à Boston je pense!
Bye !!!