Backstage : ces photos de road trip qui ne racontent pas toute l’histoire
On revient toujours de vacances avec de belles photos comme des trophées des aventures passées. Mais derrière certaines photos, il y a parfois des histoires pas toujours très glamour, parfois marrantes, parfois gênantes, ou complètement flippantes. Et ce sont finalement souvent les meilleurs souvenirs de voyage, ceux qui restent et qu’on adore raconter. Pendant tout le mois d’août, du lundi au vendredi, retrouvez une de ces histoires « backstage ».
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Backstage, épisode 13
La route, c’est long
☞ La photo ci-dessus montre un paysage du Montana idyllique ; la réalité en road trip, c’est que parfois, la route c’est boring.
Quand : le 1er septembre 2013
Lieu : entre l’Etat de Washington, l’Idaho et le Montana
L’article de blog : 32 paysages de route inoubliables aux Etats-Unis
Nous sommes debout de bonne heure, on a dormi dans la chambre « Savane » décorée avec plein de peluches d’animaux d’Afrique, on se fait un café dans la cuisine chez Candy, notre hôte Airbnb qui nous a longuement parlé d’elle et de sa famille, la veille, autour d’une bouteille de vin et des albums de ses vacances en Italie, puis au Brésil et même à Boston.
Aujourd’hui, un long trajet en voiture nous attend, on quitte l’Etat de Washington pour rejoindre le parc de Glacier, dans le Montana, en traversant un bout d’Idaho. Bref, on a 441 miles à faire, soit 709 km autrement dit un peu plus de 7 heures de route. C’est le jeu dans le road trip, le voyage en voiture : il y a des moments de transition, des passages dédiés uniquement à la route, où on regarde défiler le paysage. C’est un lieu-commun quand on parle des Etats-Unis, de dire des trucs comme « on se laisse bercer par les paysages qui défilent par la fenêtre », mais honnêtement, passer plus de 7 heures en bagnole, sur une autoroute américaine, c’est souvent synonyme de s’ennuyer ferme, aussi sympa, drôle et intelligent soit le compagnon de voyage (oui Manu, c’est de toi dont je parle). Hélas en road trip, même aux Etats-Unis, on n’est pas tout le temps en train de traverser des canyons, de longer des montagnes ou des rivières, de croiser des cascades au loin, et des bisons dans les pâtures avoisinantes : parfois c’est monotone. Super boring même.
Ce matin-là, on continue d’écouter le livre audio des vacances : le Comte de Monte-Cristo, de Alexandre Dumas, en utilisant une app gratuite téléchargée juste avant de partir. Comme c’est gratuit, on a que le choix des classiques tombés dans le domaine public, ça doit sans doute être la raison pour laquelle on a choisi ce roman que ni Manu ni moi n’avons lu, même si j’avais vu le téléfilm avec Depardieu il y a bien longtemps. La durée totale du livre audio est de 51 heures : parfait pour notre long voyage. Il y a un tout petit souci avec la version qu’on écoute : le livre est lu par une lectrice au ton le plus monocorde qui soit, aucune intonation, aucune flamme vengeresse dans la voix, et en prime, avec un accent québécois prononcé. Il nous a fallu quelques chapitres pour s’habituer, et quand subitement le narrateur change pour un chapitre, on a du mal à suivre. Rendez-nous notre voix monocorde !
Les heures défilent. On s’occupe en écoutant le livre, mais pas seulement, on peut aussi :
- Compter les pneus explosés sur le bord de la route tout en se disant qu’on n’a pas vérifié la pression des pneus ; personnellement, je ne sais pas comment on le fait.
- Compter les animaux morts sur le bas-côté (RIP)
- S’exclamer : « oh des vaches ! » quand on croise une ou des vache(s) dans les pâtures. Ça marche aussi avec les moutons et les chevaux.
- Passer devant une porte de ranch : ça fait cool. S’arrêter prendre une photo.
- Voir un pont au loin et penser que c’est beau le travail de l’homme pour construire de tels ouvrages.
- Faire un pique-nique dans une ville où il n’y a rien du tout, penser que c’est abonné, croiser quelques personnes, trouver que ça craint un peu, regarder passer un train de plusieurs kilomètres de long en mangeant un sandwich sur une table de pique-nique au milieu d’une place déserte.
- Passer la frontière avec l’Idaho, où subitement, la vitesse autorisée passe à 70 miles par heure au lieu de 60. Yeah, avoir l’impression d’aller vite.
- Faire une pause-photo sur le bord de la route,
- Faire une pause-pipi sur le bord de la route,
- Faire une pause snack sur le bord de la route,
- Faire une pause essence dans une station essence ; noter combien ça coûte dans le carnet de voyage.
- Arriver dans le parc des Bisons en fin de journée ; un parc repéré par Manu sur Roadtrippers. On fait le tour en voiture en roulant à 2 à l’heure, au coucher du soleil.
Yeah, un pont // Une ville déserte pour le pique-nique
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Vers 23 heures, on arrive enfin à notre Airbnb. On avait zappé qu’en passant une certaine ligne imaginaire, on passait dans un autre fuseau horaire. Ça fait tard pour arriver et nous donne l’illusion d’une très, très longue journée de route. Les lumières de la maison sont allumées, les hôtes nous attendent à l’intérieur. Dans son message, Mary nous a dit qu’elle ouvrirait une bouteille de vin (encore) pour notre arrivée. Mais comme si on n’en avait pas eu assez, on reste encore quelques minutes dans la voiture : le chapitre en cours du Comte de Monte-Cristo n’est pas encore terminé. On ne peut pas laisser Edmond Dantès ! On écoute la fin, dans le noir, le moteur qui crépite encore un peu. On a fini nos plus de 400 miles de road trip.
13 réflexions au sujet de “(Backstage #13) En road trip, parfois, la route c’est long et boring. Ou de l’art de s’ennuyer en voiture”
Haha, merci pour cet article ! Personnellement, je préfère quand même les trajets en bus ou en train parce qu’il n’y a pas le stress de s’endormir au volant et qu’on peut vraiment mettre son cerveau en mode « contemplatif » (encore dit mode bovin).
Une autre occupation (inavouable) qu’on a eu pendant nos road trips : citer tous les mots d’une catégorie (les pays de la terre, les légumes, les habits) jusqu’à ce que l’un de nous sèche. Si vous y ajoutez une bonne dose de mauvaise foi (comment la tomate ce n’est pas un légume ? un lacet ce n’est pas un accessoire peut-être ?), le temps peut passer plus vite ! 😉
Ce camembert est tout simplement délectable ! Il fait écho à bien des souvenirs de voiture (le livre-audio en moins, mais les heures de route aussi) ! Ces longs trajets ennuyeux et quasi quotidiens risquent surement d’être un calvaire quand on n’a jamais dépassé les 5 ou 6h de route d’affilée en France ^^
oui c’est vrai qu’en France, les trajets sont plutôt courts ! le « road trip » n’a pas la même saveur de l’autre côté de l’Atlantique !
Merci pour ce partage Mathilde! Hihihi pour l’accent québécois. Et le camemberg est génial 😉 On a fait Indiana Colorado 4 fois, alors le boring on le connaît et pas de payasage sympas comme au Montana. Et en prime avec un bébé de moins de 2 ans 😀
Ces backstages sont des perles !
J’adore ton graphique, et encore plus, j’adore que tu puisses avoir eu l’idée d’en faire un pour une thématique comme ça 🙂
En même temps, je suis celle qui a été rechercher le nom de notre hébergement aux everglades (cf backstage #12) dans le tableau excel de notre voyage ^_^
OUI, j’ai un tableau de notre itinéraire pour chaque voyage #psycho
Non, non, le tableau Excel c’est la base ! 😉
Ma plus longue route fut celle entre Zion et Lone Pine en traversant la Death Valley. Google dit 6h15 de route, mais avec tous les arrêts indispensables on a du mettre genre 10 heures de route…mais sans farce je pense ne pas m’avoir ennuyé une seconde…certaines routes sont sans doute plus stimulante que d’autres…j’ai bien aimé ton passe sur la narratrice Québécoise avec l’accent prononcé…je serais curieuse d’entendre ce qui pour vous est un accent prononcé ! haha ! Bonne semaine, bravo encore, ca réveille toujours bien ces backstage !
HAHA, le schéma est excellent, surtout le « engueulade sur un sujet random », la base
Ou comment bien commencer ou terminer une conversation 😀
Merci pour cette série d’articles toujours drôles et/ou intéressants.
Le schéma est bien trouvé !
J’espère que vous avez trouvé la destination du road trip de l’année !
Bon été.
Merci Mona !
Eh oui, on part la semaine prochaine, enfin des vacances 😀
Ah ces trajets sans fin en voiture… Notre plus grosse journée de road-trip a été celle où on a fait la Pacific Highway 1, des paysages fabuleux mais on a quand même relié Los Angeles et Monterey, soit à peu près 320 miles, avec des arrêts intempestifs et pas toujours de l’autoroute… J’en garde malgré tout un super souvenir!
La Highway 1 ne fait pas partie de mes routes ennuyeuses, au contraire c’est l’une des plus belles ! Même si en effet le démarrage à Los Angeles peut être un peu long…
J’ai vu tes très nombreux messages postés hier : welcome par ici !