Backstage : ces photos de road trip qui ne racontent pas toute l’histoire
On revient toujours de vacances avec de belles photos comme des trophées des aventures passées. Mais derrière certaines photos, il y a parfois des histoires pas toujours très glamour, parfois marrantes, parfois gênantes, ou complètement flippantes. Et ce sont finalement souvent les meilleurs souvenirs de voyage, ceux qui restent et qu’on adore raconter. Pendant tout le mois d’août, du lundi au vendredi, retrouvez une de ces histoires « backstage ».
⁂
Backstage, épisode 14
Le bar des animaux empaillés
☞ La photo ci-dessus montre un grizzli, l’animal redouté de l’ouest américain, sauf que celui-ci est empaillé, dans la vitrine d’un bar de bord de route.
Quand : septembre 2013
Lieu : sur le bord de la route, dans le Montana
L’article de blog : Découvrir le parc de Glacier
Cette histoire est dédiée à tous les amoureux de la taxidermie.
Lors de notre passage dans le Montana, tout au nord, très loin, du côté du parc de Glacier, nos hôtes Airbnb nous ont recommandé un bar : ils nous ont bien dit que c’était un dive bar, autrement dit une sorte de bar de routiers, pas chic du tout, parfait pour boire une bière : « C’est curieux, allez-y ».
Toujours partants pour découvrir un petit endroit local, on y est allé au retour d’une très longue randonnée pour aller voir un iceberg sur un lac (oui, rien que ça). Le bar est au bord de la grande route, il est 19h30 quand on se gare sur le parking, entre un truck pick-up et une moto. Les lettres « Blue Moon Casino » clignotent au-dessus d’un bâtiment sans charme ; un panneau indique qu’il y a de la musique live les vendredis et samedis, karaoké mercredi et jeudi, et rodéo le jeudi également. Dommage, on est mardi, et à l’intérieur, c’est grand, et vide. Il y a des tables de billards, une petite scène, des écrans de télé un peu partout, et de la musique country en fond.
Une serveuse aux cheveux peroxydés et au brushing très haut et aéré nous sourit. On s’assied au bar près de l’entrée : on est encore dans nos habits de randonnée de la journée, on a un total look de touristes dans la catégorie Sportifs-Du-Dimanche. On commande une bière, le mec assis à côté de moi n’a plus de dents (pas Manu, un autre client) et, sympa, nous prévient « Check out the animals! » Il pointe des vitrines qui font tout le tour de la salle, avec des animaux dedans. Empaillés.
Dans des vitrines, tous les animaux qu’on peut trouver dans la région et au-delà sont au rendez-vous, en poils et en os, mimant des confrontations ou juste des saynètes qu’on imagine être de la vie quotidienne dans la nature : l’ours polaire, énorme, s’apprêtant à manger un bébé phoque tout mini, un troupeau de bouquetins est perché sur un rocher… La serveuse crie derrière le bar « Don’t miss the wolverine ! » Je pensais que wolverine était juste le nom d’un X-Men, mais le Wolverine est donc un petit animal aux griffes énormes (d’où le nom de Hugh Jackman dans le film, I get it now), et apparemment c’est lui qui gagne potentiellement toutes les bagarres, même contre le grizzli.
On fait le tour des vitrines avec notre look de premiers de la classe un peu ploucs, pantalon de rando coincé dans les chaussettes. Le rêve d’un voyage dans l’ouest américain, ou partout aux Etats-Unis en général, c’est de voir des animaux sauvages dans leur milieu naturel, les surprendre au lever du jour ou le soir couchant, dans une clairière, au bord d’une source, au loin courant en troupeau. Là, on a la version figée et qui sent le vieux tapis. Comme à peu toutes les collections, ça a un côté fascinant pour l’effort et le soin du détail, mais aussi complètement ringard.
De retour au bar, on dit que c’est super, on ne voudrait froisser personne. Au moment de payer, on nous prévient, c’est cash only et là horreur : je n’ai qu’un billet de 10$, le prix exact de nos 2 bières, pas de quoi laisser un pourboire, de rigueur. Je suis confuse, pas moyen de payer en carte, la serveuse hoche la tête : it’s fine, it’s on me. Thanks madame !
On est tout content d’être passé par ici, j’imagine que pour les habitués, c’est juste un mardi soir comme un autre, mais pour nous c’est l’aventure, loin de nos habitudes de bars à cocktails trendy de Boston. Le lendemain, en repassant en voiture devant le Blue Moon Casino, les lettres clignotent toujours, le parking est toujours rempli de trucks et de motos, et c’est mercredi : jour du karaoké. On passe notre tour pour cette fois.
9 réflexions au sujet de “(Backstage #14) Bières et taxidermie dans le Montana”
Hello, c’est la première fois que je mets un petit commentaire sur votre blog que je suis depuis quelques années déjà. Vos récits sont super à lire et me donnent des envies d’évasion. Continuez ainsi, j’ai vraiment plaisir à vous lire. Et belles aventures à vous deux. Julie
Je vis au Texas et ma grande passion c’est d’aller dénicher des bars comme ça, au milieu de nul part, et d’y trainer les amis fraichement arrivés de France : dépaysement garanti !
Au début j’étais un peu gênée genre « ils vont capter les touristes à 3km à la ronde » mais en fait au pire tout le monde nous ignore, au mieux il y a toujours un vieux pour nous faire la conversation (conversation à laquelle on capte en général un mot sur cinq…).
Quand il n’y a rien d’autre autour, why not aller là-bas, après tout, c’est un bar ouvert à tous, mais délibéremment je sais pas… ça fait tourisme anthropologique voire classiste, je suis un peu plus réservée du coup. Mais bon, c’est clair que, sur une note plus légère, c’est dépaysant.
trop chouette cette histoire et la photo du blue moon est superbe et donne l’ambiance!
C’était un bar inédit dans un endroit un peu paumé, dommage qu’on ait raté la soirée karaoké 😉
J’ai beaucoup aimé cette histoire, et tu m’as beaucoup inspiré avec cette série d’articles!
Continue comme ça, tes récits sont toujours très agréables à lire 🙂
Thanks, c’est fini à la fin de la semaine. Qu’est-ce que tu veux dire par inspirer ? Je suis toujours curieuse du sens que chacun met derrière ce mot…
Le nom français du Wolverine, c’est le glouton… ça casse un peu le personnage!!
ahah ! j’ai cherché la trad, mais comme je n’avais vu/lu/entendu le mot je ne l’ai pas mis. C’est clair que ça fait tout de suite moins classe.