Backstage : ces photos de road trip qui ne racontent pas toute l’histoire
On revient toujours de vacances avec de belles photos comme des trophées des aventures passées. Mais derrière certaines photos, il y a parfois des histoires pas toujours très glamour, parfois marrantes, parfois gênantes, ou complètement flippantes. Et ce sont finalement souvent les meilleurs souvenirs de voyage, ceux qui restent et qu’on adore raconter. Pendant tout le mois d’août, du lundi au vendredi, retrouvez une de ces histoires « backstage ».
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Backstage, épisode 8
A 20h15, on ferme
☞ La photo ci-dessus nous montre un lac de barrage à la couleur magnifique, mais au-delà du cliché la nuit précédent la découverte du parc, on dormait dans un endroit lugubre en mangeant du bison dans le seul resto du coin ouvert un jeudi soir.
Quand : août 2013
Lieu : près du parc national de North Cascades, dans l’Etat de Washington
L’article de blog : Les montagnes de North Cascades
Il parait que je ne sais pas rentrer dans le vif du sujet quand je raconte une histoire, que je donne dix minutes de contexte avant de raconter le cœur du récit. En voici un exemple.
Pour notre deuxième road trip aux Etats-Unis, on a décidé d’aller à Yellowstone : c’était le parc national américain qui me faisait rêver avant de vivre aux Etats-Unis, celui dont le nom faisait résonner des échos de grands espaces sauvages, même si je ne savais pas vraiment ce qu’il y avait là-bas. Comme on ne prend jamais la route la plus directe de peur de rater quelque chose – c’est le fameux FOMO (fear of missing out), on avait décidé pour rejoindre Yellowstone de partir de Seattle, de traverser tout l’Etat de Washington puis le Montana avant de descendre vers Yellowstone. Un petit préambule de 1500 kilomètres. Dans toute la première partie de ce road trip, il a plu beaucoup tant qu’on était à l’ouest de la chaîne des North Cascades. Le temps était vraiment minable, ou pour être positif, un temps romantique, même si les paysages étaient très beaux, entre forêts magiques et montagnes.
Quand on est arrivé aux abords de cette chaîne de montagnes, le temps était plus gloomy que jamais, le ciel bas et lourd. On avait la tente dans le coffre au cas où on voulait camper, un tout petit coffre de voiture d’ailleurs* (* avant de comprendre qu’il fallait louer une grosse voiture avec 4 roues motrices pour un road trip vraiment réussi, on a loué toutes sortes de petits véhicules, on avait encore nos habitudes d’Européens). En s’approchant du parc national des Cascades, le temps ne s’arrangeait pas, et on savait qu’on dormirait au motel.
J’ai déjà écrit sur ce blog sur mon désamour pour le motel. Il a beau représenter une facette du road trip : on gare sa voiture devant sa chambre, ça fait « film américain », rares sont les motels agréables, bien isolés, et qui ne sentent pas la vieille moquette. Celui qu’on a trouvé ce soir-là était dans la catégorie des vieux moches, situé au bord de la route, à moitié enfoncé dans un bois. La dame de l’accueil est arrivé de sa petite pièce à l’arrière, la télé en fond, elle a regardé dans son registre pour voir s’il restait une chambre « une a les toilettes bouchées », et nous a donné nos clés pour la chambre n°1.
A l’intérieur tout est dans les tons marron-orange, avec des photos délavées de montagnes et d’ours, deux bibles dans les tiroirs de la table de chevet, une classique et une spéciale Mormons. On a faim, il est 19h30, on prend une douche dans une sorte de bac sanitaire branlant et on retourne voir notre amie la concierge pour des conseils sur où manger. « Allez voir du côté du Buffalo Run » Les revues sur Yelp sont terribles, mais c’est notre seul choix. Il faut rouler un petit quart d’heure pour y arriver, et quand on entre, on nous prévient qu’à cette heure-ci on ne peut nous servir qu’un burger. Va pour le burger.
Comme le nom du restaurant l’indique, tout est à la gloire du buffalo : photos de la bête et tête empaillée au mur. On nous sert un burger à la viande de buffalo, ce qui me dégoûte à moitié (pauvre bête), tandis que la serveuse range la salle, retourne les chaises sur les tables, et passe la serpillère en nous frôlant, dans un silence quasi complet. On est pas chez Boris (référence des années 90 pour ceux qui suivent).
Malgré l’accueil, je suis quand même contente de manger un vrai repas, plutôt que d’avoir acheté des chips et du fromage sous vide dans une station service, la seule option souvent quand tout le reste est fermé, avec aussi parfois le MacDo si on aime (j’aime, mais j’évite). On le sait pourtant, dans les coins paumés – et ils sont nombreux dans l’ouest américain – il ne faut pas chercher à dîner le soir après 20 heures, tout ferme tôt. Le burger englouti en vitesse, on rentre dans notre motel tout déglingo, il pleut, c’est la nuit. Bye.
Le lendemain matin, c’est parti pour l’exploration du parc des Cascades, la nuit et le repas de la veille sont vite oubliés, on est ébloui par la beauté sauvage des lieux, et notamment par le Diablo Lake, en photo tout en haut de l’article.
5 réflexions au sujet de “(Backstage #8) A 20h15, on ferme”
Moi j’ai plutôt apprécié les différents motels qu’on a testé avec mon chéri… on a du bien tomber^^ ou alors tellement creuvés de notre road-trip et heureux du dépaysement, on a pu être un peu aveuglés XD
Cet endroit des Etats-Unis a juste l’air magnifique, et le Nord-Ouest en général…
Le motel ne fait vraiment pas envie mais le camping dans cette région ce n’est pas un peu effrayant ?
On n’a pas campé dans cette région ! c’était notre deuxième road trip et on n’était pas prêt psychologiquement 😀
Il y a plein de campings et de zones très reculées où le camping est le seul moyen de s’arrêter pour la nuit. Le problème, c’est le temps instable…
Ah ça c’est bon à savoir du coup ! Parce qu’on prévoit d’aller dans cette région et le camping nous fait flipper à cause de la météo, effectivement, mais aussi à cause des ours : Aurélien mon copain en a une trouille absolue (surtout depuis qu’il a vu « Grizzly man », ça aide pas). Du coup je panique un peu pour cette partie-là et j’ai même songé à y renoncer, ce qui serait très très dommage.
Il y a des ours vraiment partout, mais ils ne s’approchent des camprgrounds que si de la nourriture est laissée à portée de pattes.
Après c’est vrai que la météo n’est pas super à l’ouest de la chaîne des Cascades…