Backstage : ces photos de road trip qui ne racontent pas toute l’histoire
On revient toujours de vacances avec de belles photos comme des trophées des aventures passées. Mais derrière certaines photos, il y a parfois des histoires pas toujours très glamour, parfois marrantes, parfois gênantes, ou complètement flippantes. Et ce sont finalement souvent les meilleurs souvenirs de voyage, ceux qui restent et qu’on adore raconter. Pendant tout le mois d’août, du lundi au vendredi, retrouvez une de ces histoires « backstage ». Si vous commencez la série, le premier épisode est ici.
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Backstage, épisode 2
Rouler de nuit, not a good idea
☞ La photo ci-dessus montre une route de l’ouest américain, qui symbolise le road trip par excellence, mais au-delà du cliché, la vraie histoire derrière tout ça est légèrement différente.
Quand : août 2014
Lieu : Quelque part dans le sud de l’Utah
L’article de blog à lire : Le road trip Colorado-Utah
Parfois en road trip, on ne sait pas quand s’arrêter, on veut trop en voir, tout faire, avancer, rouler. L’audace paie parfois, et d’autres fois, c’était juste une connerie de continuer. Aujourd’hui, comme hier, je vous raconte une histoire de voiture. Après tout, c’est la base du road trip.
On a passé une journée extra dans le très beau parc de Capitol Reef en Utah, entre randonnées et route dans les canyons. Vers 19h, alors que tout s’embrase des couleurs dorées du soleil couchant, on trouve une place dans un camping isolé : une chance ! Mais j’hésite à rester, je n’ai pas envie que la journée s’arrête, même si l’emplacement du camping a tout pour plaire, tant qu’on aime le côté sauvage et rustique – et les toilettes sèches. « On trouvera bien un autre camping ».
Grave erreur.
On roule une heure, deux heures, puis trois. Pas de camping, pas de motel, nada. Il fait nuit noire, mon doigt suit lentement le tracé de la route sur la carte ; il y a un lac, peut-être quelque part où loger ? On roule sur un petit ponton en béton avant de se rendre compte qu’on descend droit vers l’eau. Manu est crevé, je prends le volant. On roule une heure de plus. Ce qui est très dommage, c’est qu’on traverse probablement des paysages spectaculaires. Je tente de réconforter Manu qui, pour une fois, est complètement blasé, en disant que les ombres créent un spectacle intéressant. Mais la poésie nocturne ne fait aucun effet.
Sur la route, on ne croise personne, et quand on voit deux lumières au loin, pensant que c’est enfin un village, ce sont juste deux phares de voiture dans le lointain. Mon imagination s’emballe, on est perdu dans un autre espace-temps.
D’un coup, la route en bitume se transforme en route de terre, et la vitesse requise tombe à 5 mile par heure : no way… on est sur un chemin de descente de canyon, comme celui qu’on a connu quelques jours plus tôt à Canyonlands, mais tout de même un peu moins pire, en apparence – au moins là, il y a une rambarde à la route. Je sors de la voiture, c’est trop technique pour moi, Manu attaque donc la descente de cette route sinueuse dans la quasi obscurité : pas d’éclairage publique, of course, et nos phares éclairent… le vide. Sur la carte, je vois un nom de lieu-dit « Mexican Hat » : y’a peut-être un motel ? A moins que ce soit juste le nom d’un lieu-dit.
Un peu avant minuit, on trouve enfin un motel. Un homme mal réveillé nous propose une chambre pour 150$ la nuit « Vous paierez demain matin, le système est éteint à cette heure-ci ». Le camping dans la nature était gratuit, certes là on a un grand lit douillet ; il y a une énorme araignée poilue sur l’interrupteur de la salle de bains.
350 km ont été parcourus pendant ce trajet de nuit, le lendemain au réveil, on a constaté être arrivé à notre destination suivante dans le circuit prévu : Monument Valley, en ayant donc complètement raté les paysages de Glenn Canyon, et en ayant probablement tué des milliers de moustiques qui se sont écrasés sur les phares de nuit, et plus tragiquement aussi, une chouette qui s’est écrabouillée sur le capot (regrets éternels). Mais en road trip, la route, c’est ça le trip, le voyage même, donc de nuit : not a good idea.
17 réflexions au sujet de “(Backstage #2) Rouler de nuit, not a good idea”
Bjr Mathilde,
Excellente idées que ces backstages. J aime beaucoup! Tjs accompagné d humour et de bons conseils. Vivement le prochain Road Trip :)))
Ah oui relou, cette route est magnifique 🙁
C’était pas le Mexican Hat Lodge avec le swinging barbecue? On avait adoré ce motel très sympa 🙂
Mais comme tu dis, c’est la « magie » du road-trip 😉
Je ne me souviens plus du nom, c’était au bord de la rivière avec une vue assez sympa sur un canyon, mais bon, ça on ne l’a vu que le lendemain matin…
Mexican Hat, nous y avons séjourné aussi dans un motel sympa tenu par les indiens, j’imagine très bien ce qui vous est arrivé… Nous on avait fait de jour un truc super flippant en voulant suivre un raccourci proposé par le GPS qui nous a fait atterrir sur un chemin de terre, gros orage, route montagneuse sans rambarde, 5 enfants à l’arrière, moi totalement flippée, du coup ma fille aînée se met à chialer, mais on s’en est sortis vivants ! on a traversé un ruisseau en priant pour que ça passe avec notre voiture qui n’était pas un 4X4…
J’ai une question qui n’a rien à voir, on veut faire un roadtrip dans 2 ans, débutant à Boston (l’occasion de visiter avec vous d’ailleurs) et se terminant à Boston, traversant tout un tas d’endroits, le tout pendant 3 mois à travers les US. Louer une voiture (on sera juste en couple) est une possibilité mais ne serait-il pas plus intéressant financièrement d’en acheter une et de la revendre avant de partir, est-ce que ça vous parait une bonne idée ? est-ce facile de revendre ? Si vous avez un tuyau on est preneurs ! Merci pour votre blog, grâce à vous je fais de nouvelles découvertes à chaque fois que je vais aux US, ma destination voyage préférée depuis 25 ans…
Aucune idée pour la voiture…
Bonjour !
Conduire la nuit ? Je pense tout de suite à notre dernière nuit avant de rejoindre San Francisco, il y a quelques semaines…
On quitte Yosemite, le dernier parc national de notre périple dingue, le 27 mai, en début de soirée et le coeur gros : c’est bientôt la fin du voyage… Voyage qu’on a planifié de 2 manières différentes : pour moitié, avec des réservations aux endroits où on voulait dormir à tout prix et pour moitié…pas organisé du tout. Et cette fameuse nuit du 27 au 28 mai fait partie de notre non-organisation. On se dit que ça ne pose pas de problème, qu’on est à proximité d’un parc, qu’on a tente et duvets pour s’installer dans un camping et, au pire, on trouvera bien un motel.
Pourtant, différents indices se sont immiscés sur notre chemin, depuis nos préparatifs jusqu’à ce fameux jour :
– Pendant la préparation de nos nuités, j’avais regardé les campings dans le parc, impossible de trouver une place. Boarf, pas de problème, on trouvera en dehors du parc. Sûrs de nous, qu’on était….
– Le dernier lundi de mai, c’est le Memorial Day. Nous sommes donc au beau milieu d’un week-end prolongé ici. On l’avait bien vu, cette date, au moment de nos préparatifs. Mais on n’avait vraiment pas imaginé l’importance de ce week-end dans le calendrier américain (pourtant, en France, on sait bien qu’un week-end prolongé est pris d’assaut). Sûrs de nous, qu’on était…!
– Durant notre dernière journée au parc, un grimpeur que l’on croise nous met en garde : « attention les jeunes, tout risque d’être complet en sortant de Yosemite ». Il nous donne d’ailleurs un endroit sympa pour du camping sauvage, mais on est aventureux : on veut se rapprocher un peu de San Francisco et donc, on préfère s’éloigner du parc. Je me répète : on était sûrs de nous.
Conséquence : tout le monde profite de ce long week-end et part à l’aventure.
Conséquence bis : campings, motels, hôtels, palaces….tout est complet.
Conséquence ter : on quitte Yosemite à 21h, on finira par trouver refuge dans la dernière chambre d’un motel vraiment miteux (où l’eau qui sort de la douche est marron) à….3h30 du matin.
En chemin, on a manqué de renverser un veau pourtant bien gros, que les phares de notre voitures ont peiné à éclairer, on s’est énervé sur notre carte routière, on s’est arrêté toutes les 4 minutes devant des panneaux « No vacancy » et on a coupé le contact épuisé.
Mais on a aussi mangé un dernier super burger au détour d’une petite ville, on a écouté des belles musiques en frôlant une dernière fois, sous la lune, les routes américaines (on rendra notre voiture le lendemain) et, surtout, on est à quelques miles de San Francisco, notre dernière magnifique découverte.
« Rouler de nuit, not a good idea », yes : pour nous, le seul moment « galère » du voyage. But aussi un chouette moment, qui est devenu un chouette souvenir et qu’on s’est bien amusé à raconter aux copains une fois rentrée.
Au passage, Mathilde, merci pour les différents conseils que nous a prodigué ton blog lors de nos préparatifs. Et même maintenant, que le voyage est terminé, c’est avec plaisir que je reviens par ici pour (re)lire tes différents articles.
Marrante cette anecdote, et je suppose classique pour de nombreux road-trippers. Eh oui, ça vaut pour tous les gros et rares weekends de congés américains, comme Labor Day aussi début septembre !
Merci pour ton petit mot à la fin !
waow, ça devait être grave flippant quand même! Avec les canyon et tout ça, j’aurais eu vraiment peur de tomber à un moment, sur un bout ou il n’y à plus de route et tomber dans le vide :O. J’ai moi aussi voyager au États-Unis de nuit, dans le Maine, mais on avait pas prévu qui allait faire aussi noire! IL y avait tout simplement pas de lampadaire sur la route, alors on à fait peu-être 3-4-5 heures de route dans une noirceur casi totale ( les phares de la voiture c’était notre seul éclairage! ) C’étais angoissant!
L’éclairage public n’est pas le fort de la plupart des routes américaines, au moins ça évite un peu de pollution !
Petit épisode de nuit pour nous aussi ! On avait loué une maison à Cape coral en Floride avec des amis. On arrive sur place vers 22h, on récupère la clé dans une boîte. On visite rapidement la maison et on sort de l’énorme moustiquaire entourant la terrasse et la piscine pour aller sur le ponton face à la maison et qui longe le canal. Le lendemain, on voit la proprio et on lui explique que les lumières éclairant le chemin vers le ponton sont cassées. Elle nous regarde avec de grands yeux en nous expliquant qu’il ne faut jamais sortir la nuit sur le ponton, que les alligators et les serpents en tout genre profitent de l’obscurité pour sortir et que d’ailleurs la moustiquaire est en kevlar pour nous protéger des attaques! On l’a échappé belle!
Encore merci pour ton récit!
ahah, le flip. J’adore cette histoire !! (parce qu’il ne vous est rien arrivé, hein)
Haha c’est vraiment génial ça ! Ca me fait penser à un petit motel du Vermont. La photo du motel est typique de cette ambiance Americana qu’on adore…
Sauf que derrière, on a dormi sur une planche en bois car le lit n’avait pas de matelas… Sans compter les tapis et la moquette qui devait dater de l’époque des pèlerins !
C’est ça l’Amérique et les Road Trips 🙂
En tout cas, super idée ces articles 🙂
Anecdote amusante !
J’ai vu ton message sur Facebook, c’est gentil !
Ma main à couper que c’est l’horrible Moki Dugway 😀
Ahah, toujours s’arrêter quand on le peut !
I know, I know…
Ton histoire me fait penser à un de nos voyages en Corse, où après avoir assisté à un coucher de soleil époustouflant sur les calanques de Piana (mais vraiment, il reste encore mon top 1 aujourd’hui !), nous avions du traverser l’île de nuit pour rentrer à notre location, totalement à l’opposé sur la côte Est. Car nous avions eu la bonne idée de louer une semaine au même endroit, au lieu de faire des étapes d’un point à un autre. Résultat : de longues heures de route à travers les montagnes (et le point culminant de la Corse), le brouillard et meme les vaches en liberté qui surgissent dans les phares… Tout ça pour se faire flasher au radar à 5 kms de l’arrivée ! Et ça a été comme ça toute une semaine… vraiment beau mais épuisant !
Depuis nous avons appris et nous préparons nos voyages différemment. 🙂
Hé ouais j’imagine qu’on se dit que c’est le bon plan d’avoir un camp de base pour les vacances et de rayonner tout autour.