Changement de cap : j’ai vendu mon entreprise

J’ai annoncé la vente de Boston le nez en l’air en octobre 2021 dans cet article, et dans celui-ci, je vous raconte ma motivation et les étapes pour y parvenir, façon blog, et non guide pas à pas de reprise d’entreprise.

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Qu’est-ce qu’on fait quand on a un job qui ne nous plait plus trop ?

Je me demandais depuis quelques temps (dans l’ère pré-pandémique) si je ne devais pas changer de travail, pas tout, pas le blog et l’écriture. Juste les visites guidées. Mais le problème, c’est que ce travail, c’était ma petite entreprise, que ça marchait bien, que la plus grande partie de mes revenus venait de là.

Et puis des gens dépendaient de moi.

Ca me semblait une montagne infranchissable de passer le cap.

L’idée d’abandonner l’entreprise pour laquelle j’avais mis tant d’efforts pendant toutes ces années me semblait… dommage. Est-ce que ce n’était pas du gâchis ? Est-ce que de toute façon, tout job est voué, à partir d’un moment, à avoir des mauvais côtés dont on finit par s’accommoder ? Et qu’est-ce que j’allais faire après ?

Mais il y avait ce sentiment persistant que ça ne collait plus.

L’année 2019 a été très dur pour moi, à titre personnel, au point que ça débordait dans ma vie professionnelle. Ca m’est vraiment apparu comme une évidence : je n’avais plus envie de diriger Boston le nez en l’air.

Et puis la pandémie est arrivée, et finalement, le choix a été fait pour moi : Boston le nez en l’air, les visites de Boston, étaient complètement arrêtées. Pas le choix.

J’ai bidouillé une solution pour m’en sortir professionnellement : j’ai lancé un abonnement du blog (un compte Patreon, un peu plus de 130 personnes ont répondu à l’appel, gratitude éternelle pour eux), j’ai eu quelques missions de rédaction pour Larousse. J’ai touché le chômage du Massachusetts. Ce n’était pas la catastrophe tant redoutée.

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Flash back.

Dès octobre 2014, ce job, alias créer les visites guidées, a été intense et prometteur.

C’était l’ébullition permanente.

Dès que les visites ont décollé, fin 2015, j’ai détaché Boston le nez en l’air du blog. Même si la grande majorité des clients trouvaient les visites via la notoriété du blog, je ne voulais pas que ça s’appelle « Mathilde fait des visites à Boston ». J’avais l’idée at the back of my head, qu’un jour je pourrais laisser ce projet à quelqu’un d’autre. C’était flou, une idée parmi d’autres.

J’ai adoré construire les tours : suivre des cours d’histoire, lire des livres, réfléchir pour établir du contenu de qualité. Me demander si j’allais réussir à faire venir des gens, à transmettre mon goût pour Boston.

C’était un job avec plein d’aspects : du contenu, du marketing, de l’humain, du développement de produits – l’ebook, les cartes postales, les jeux pour enfants… C’était une profusion d’idées.

J’ai appris à recruter et former d’autres guides, à insuffler un « esprit » Boston le nez en l’air.

J’ai continué à faire des tours, mais de moins en moins avec les années passant. J’étais plus intéressée par tout ce qui se passait derrière, l’organisation, le développement. Je travaillais aussi en même temps pour le Guide Vert, le blog fonctionnait à plein régime avec 2-3 articles par semaine. C’était boulot, boulot, boulot, tout le temps.

J’ai adoré ce bouillonnement, voir l’entreprise décoller.

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Avec les années et les centaines et les centaines de tours, j’ai commencé à me lasser.

C’est, d’une part, un métier très physique, et d’autre part, une partie de moi n’aimait plus être exposée à rencontrer sans cesse de nouvelles personnes. J’avais l’impression de ne jamais me poser, de devoir toujours avancer, tout en m’en voulant de penser comme ça, au lieu d’être reconnaissante de ce succès.

L’année 2019 m’a aussi terriblement affectée sur le plan de la santé : je n’étais pas en forme du tout et j’avais beaucoup de mal à récupérer. A l’automne 2019 j’ai commencé à dire, au-delà de mon cercle d’amis proches, que je songeais à arrêter les visites. J’en ai parlé aux guides de mon équipe.

Ma solution pour 2020 a été de déléguer toute une partie du travail administratif.

L’année a aussi commencé par une première visite, le 2 janvier. Il faisait froid ce jour-là. La cliente était une voyageuse en solo, super sympa. On a passé un bon moment. Je me suis dit que tout de même, c’était plutôt cool comme job.

Mais je ne voulais pas retomber dans ce cycle : je doute, je continue, je doute encore plus, mais je continue d’avancer, tout en aimant à moitié.

Et puis la pandémie est arrivée.

Pause forcée : tourisme international à l’arrêt, frontières fermées. Et surtout, incertitude généralisée.

Je n’avais plus besoin de me poser autant de questions, c’était décidé pour moi. Il a fallu annuler toutes les visites, et j’ai fait le choix de rembourser tous les clients qui avaient déjà réservé pour les mois à venir. Je ne voulais pas faire d’avoirs, je ne voulais pas m’attacher à faire ces visites plus tard.

Je déteste dire que la pandémie a été une bonne chose. Ce n’est pas le cas.

A titre personnel, j’ai perdu ma grand-mère, je n’ai pas vu mes proches depuis 2 ans, je déteste voir monter les extrémismes. Mais l’ambivalence est bel et bien là : j’ai aussi bien aimé cette période ralentie. On a changé d’appartement. Je suis tombée enceinte.

Début 2021, l’espoir d’un retour à une vie plus normale est revenue, avec l’arrivée des vaccins. Certes, il y avait toujours les variants, et puis avec un bébé non vacciné à la maison, on fait plus attention.

Au cours de l’année, l’un des guides qui travaillait avec moi m’a contactée : il voulait savoir si j’étais sérieuse quand je parlais de revendre Boston le nez en l’air.

On a commencé à discuter de comment ça pouvait se faire. Du contenu de la vente, des conditions.

C’était un processus assez lent. De mon côté, je mettais mes idées au clair.

Au début, ça me semblait une montagne de préparer cette cession. Je savais que c’était ce que je voulais faire, mais je ne savais pas comment le faire.

On a réfléchi à un prix.

J’ai contacté un avocat.

Après quelques mois de discussions, tout était prêt : le contrat, le chèque. Et surtout, on était d’accord.

Pour moi, je le vois comme un divorce à l’amiable, entre mon entreprise et moi. On a eu de bonnes années, c’était un bon moment, et maintenant c’est fini.

Il y a un peu de nostalgie, bien sûr, mais surtout, je suis prête pour autre chose.