Après Coconut Grove #1, voici la suite de la visite de ce quartier situé au sud de Miami.
Le dernier jour de mon voyage en Floride, j’étais heureuse, des images plein la tête, un carnet de notes rempli, un bronzage bien comme il faut. Il me restait quelques heures avant de retrouver ma copine Amandine à Miami Beach, pour quelques cocktails de départ. J’ai décidé de passer ma dernière après-midi en Floride dans l’une des attractions les plus populaires-chic : la villa Vizcaya et ses jardins.
Du tracteur à la collection d’art
A l’origine de cette énorme maison/château/musée, se trouve James Deering, l’héritier d’une richissime famille de Chicago, qui avait fait fortune dans les équipements agricoles. James était trésorier de l’entreprise de son père, mais ayant la santé fragile, il s’est cherché une retraite adéquate, et s’est retrouvé en Floride du Sud (excuse courante à l’époque – cf Barnacle House, aussi à Coconut Grove, et d’autres). Passionné d’art, mais n’y connaissant rien, il s’est fait ami-ami avec Paul Chalfin – qui avait notamment été directeur du musée des beaux-arts de Boston. Les deux hommes partirent en voyage ensemble en Europe : Paul conseillait à James d’acheter telle ou telle pièce d’art. James s’est retrouvé à la tête d’une gigantesque collection. Il faisait en même temps construire à Coconut Grove une énorme maison, capable d’accueillir tout ce que les deux hommes avaient dégoté en Europe, et qui entre temps, était stocké à New York.
James a passé neuf hivers à Miami, il organisait des fêtes gigantesques, projetait des films muets dans sa cour intérieure, naviguait en bateau dans la baie, bref, c’était la grande vie du début du 20è siècle aux Etats-Unis.
Multi-styles
Le touriste lambda de passage à Miami peut aujourd’hui visiter cette immense maison et ses incroyables jardins. La maison est encore meublée comme à l’époque, si ce n’est quelques tapisseries qui ont été remplacées – n’ayant pas résisté à la chaleur et à l’humidité sur toutes ces décennies. Chaque pièce a une ambiance différente – Renaissance, rococo, monacale, grecque, etc, qui n’est pas forcément raccord l’une avec l’autre, mais l’ensemble dans chaque pièce et dans la maison en général est étonnamment harmonieux (ça m’a rappelé les superbes mansions de Newport, qui sont un peu plus anciennes). En tout cas, ça donne plein d’histoires à raconter. Par exemple, dans le living room, se trouvent notamment
- une cheminée rapportée de France – et qui date du 16è siècle, sur laquelle a été ajouté, par-dessus, un motif tropical,
- un orgue : un organiste vivait en permanence à la villa pendant la saison,
- un tapis espagnol avec des inscriptions en arabe, qui date de 1450 (vieux),
Figure-vous que c’est dans ce living room un peu dingo que ce sont rencontrés Jean Paul II et le président Reagan en 1987. Eh ouais. (J’ai vraiment écouté toutes les parties de l’audioguide pour dénicher cette petite histoire – #AudioguideForever)
Des jardins tropicaux aménagés
Quand je suis arrivée sur la propriété, pas moyen de voir la maison : elle est cachée tout au fond d’une dense forêt tropicale. Ça crée une chouette mise en scène : la maison se laisse découvrir petit à petit. On peut voir la maison en entier, d’un seul coup d’œil, quand on est dans le jardin, sur le côté. J’imagine aussi que la vue doit être spectaculaire depuis la mer.
Les jardins à la française et à l’italienne (mais avec des plantes locales) ont plein de petites cachettes, des fontaines, des statues, des fausses grottes en corail, un labyrinthe, et aussi un casino, face à la mangrove (c’est la photo avec le plafond peint). Dans le jardin ce jour-là, il y avait des séances photos de jeunes filles en robe de bal, kitsch à souhait. La maison a aussi servi de décor pour la série Deux flics à Miami.
Un palais au bord de l’eau… et de la mangrove
On m’avait vendu du ciel bleu et un soleil de plomb permanent en ce début avril en Floride, et ce jour-là, il a plu, pendant environ 10 secondes. D’où le ciel menaçant sur les photos…
James Deering a choisi lui-même le nom de sa maison : c’est un mélange entre le nom de la baie juste en face, Biscayne, et celui de Vizcaino, un explorateur espagnol.
La Renaissance a été une grande source d’inspiration pour créer la maison, on retrouve plein de petites touches vénitiennes, notamment cette jetée très particulière (ci-dessous, à droite), où les bateaux se « garaient » quand ils venaient rendre visite à la villa Vizcaya. Les jardins sont bordés par une mangrove, qui a le mérite de limiter les dégâts quand il y a un ouragan, et de donner un aspect un peu wild à toute cette beauté bien pensée.
La visite de la maison coûte 18 dollars par personne, et je vous recommande de prendre l’audioguide, pour 5 dollars de plus, car il raconte plein de petites histoires – en plus de la grande histoire de la maison. Après cette visite, vous pouvez aller jusqu’au village de Coconut Grove manger une key lime pie (une tarte au citron).
Au prochain numéro de Mathilde en Floride, je vous en dirai un peu plus sur les raisons de mon voyage, car après tout, j’étais là-bas pour le boulot…
5 réflexions au sujet de “Coconut Grove #2 – La sublime villa Vizcaya et ses jardins”
Excellent souvenir de la visite de Cocogroove et de cette maison historique sous la canicule de mai!
On avait énormément apprécié boire un verre au bord de la somptueuse piscine de l’hotel Biltmore. Cet hôtel est fascinant, mélange d’archi Mexicaine et art nouveau. N’hesitez pas à franchir les portes pour un petit moment dans ses courts…
Ah excellent, j’y suis allée aussi en avril. J’ai passé deux semaines en Floride mais pour les vacances 😉
Justement je me demandais ce que tu avais fait là-bas pour le travail… Je trouve que tu as pas mal de temps pour visiter ! Bon, je vais me répéter hein… Mais ça me donne trop envie tout ça… Quand je vois le temps ici, je tuerai pour un retour fissa en Floride !
Etonnant la ressemblance (dans l’idée en tout cas !) avec le hearst castle en Californie !! Je me demande s’ils se sont inspirés mutuellement. En tout cas c’est tout à fait ça, ils ont tous les deux mené la grande viiie mondaine du début du XXème siècle !
Vizcaya et Hearst sont contemporains (construits dans les années 10), mais je ne sais pas qui a influencé qui (je demanderai en juin quand j’irai visiter Hearst !).
Il existe aussi des grands manoirs du Guilded Age à Newport, RI – plus anciens, on retrouve le côté chateau et musée de culture européenne, ça devait être la mode pour les Nouveaux riches (très, très riches) de l’époque…
Bises !