Il faut que je bosse mon anglais. J’ai envisagé de prendre des cours à la fac, mais c’est absolument hors de prix. Une copine m’a suggéré de chercher des conversation partners. Je suis peu familière du concept, que j’imagine être une version actualisée de la « correspondante » ; j’ai bien eu une pen-friend au collège, mais notre amitié est restée, pour ainsi dire, lettre morte… J’ai alors cherché quelqu’un via Craiglist, mais les annonces y sont toutes assez douteuses (cherche coach de vie / personne avec qui courir le matin le long de la rivière / quelqu’un pour partager mes repas au restaurant). J’ai finalement opté pour la bonne vieille méthode, celle de la petite annonce rédigée à la main et accrochée sur un panneau de l’Alliance française (où plein d’Américains viennent pour des cours de français). Le lendemain déjà, je reçois quelques coups de fil. Le Meetic de l’amitié, version langue et culture étrangère peut commencer !
Etape fondamentale : reconnaître la personne avec qui on a rendez-vous
Pour que je la reconnaisse, la première personne que je devais rencontrer m’a fait une brève description physique d’elle : « J’ai les cheveux blancs ». J’ai répondu « Je ne suis pas très grande ». Munie de ces infos sommaires, je me suis rendue à notre premier rendez-vous, devant un magasin de poteries qu’elle aime bien. Ça commence mal, la poterie : un premier non-point commun. À l’heure prévue, je fixe toutes les personnes aux cheveux blancs, il y en a beaucoup plus que ce qu’on croit, c’est assez étonnant. Sur des appréciations purement physiques, j’espère secrètement que ce ne soient pas certaines des personnes croisées. Finalement, elle arrive et a l’air tout à fait normal, nous nous « reconnaissons » tout de suite.
La deuxième personne me donne rendez-vous dans un café, ce qui devrait faciliter la tâche. Aucune description préalable n’est donnée, pas de fleur à la boutonnière ou autre. Erreur de débutant. Comme de par hasard, quand j’arrive, le café est bondé. Je tourne en rond, tout en prenant un air « français » (très dur à définir et à reproduire). Je cherche une vieille dame, car je suppose que c’est le genre de personne qui a le temps de faire ça un lundi après-midi (à part moi bien sûr). Une jeune femme s’avance vers moi en me demandant si je suis Mathilde. Yes !! Elle a une trentaine d’années, et a l’air tout à fait normal et sympa. Je suis contente, c’est bête, je ne suis pas là pour un rencard non plus…
Pour aller plus vite : la troisième personne me donne rendez-vous directement chez elle. Il y a un portier dans l’immeuble, derrière un petit comptoir, c’est très chic.
Trouver un sujet de discussion
Passées les présentations mutuelles, un petit moment de flottement s’ensuit souvent. C’est vrai qu’on ne se connaît de nulle part, et notre seul point commun est ténu : les langues de chacune, qu’on veut perfectionner. Heureusement, le festival des généralités est un refuge efficace (tant qu’on ne parle pas de la météo). C’est en effet une discussion facile entre deux étrangers : parler de son pays, des différences, des idées reçues, etc. J’ai eu tellement de fois cette discussion au cours des années passées, je ne sais plus quoi dire sur la France, Paris, les français, si on aime bien le fromage ou Edith Piaf. Ces conversations sont assez schématiques et puis, on le sait bien, les Américains sont gros et ont tous des armes à feu, et les Français sont chauvins, s’épilent pas et sont prétentieux.
Au cours de ces généralités, j’apprends quand même quelques Vérités Absolues. En vrac, les gens du Midwest parlent l’anglais le plus pur ; les Bostoniens ont un horrible accent et sont réputés mal élevés et peu sympathiques. La compagnie de bus qu’on a pris pour aller à New York est notoirement connue pour transporter de la drogue. Enfin, les Français articulent mal et parlent la bouche en cœur.
La vraie raison de tout ça : échanger en français et en anglais
La « méthode de travail » est assez expérimentale : un peu d’écrit en retravaillant les articles du blog ; des discussions autour d’un thème, comme les primaires des républicains. De mon côté, je les aide à faire des exercices de français et même, pour l’une d’entre elle, à apprendre à parler correctement français à ses petits-enfants ! On fait aussi pas mal de travail sur la prononciation, comment bien accentuer les mots, les phrases. J’ai moyennement apprécié de répéter 20 fois New Hampshire (je disais niou ampchaïre, alors qu’il faut dire quelque chose comme Nou HHan-pcheu’). Essayez, c’est super dur. Je me suis vengée en faisant dire correctement Jioul et Djim de Françoué Trufote.
Je suis contente de ces quasi-cours particuliers, à la pédagogie tâtonnante et au programme à la carte. Quand je vivais en Italie, c’était beaucoup plus évident d’apprendre la langue, je vivais avec des Italiens, j’allais en cours à la fac en Italie avec des cours 100% en italien, je n’ai pas parlé français pendant au moins 6 mois…
Je dois encore rencontrer une quatrième personne la semaine prochaine. Ça va sans doute faire un peu trop de monde, je vais peut-être devoir faire un casting ? En tout cas, ce matin, S. a pris de l’avance en m’offrant du gâteau, du corn bread. Bravo elle.
11 réflexions au sujet de “J’apprends l’anglais avec mes conversations partners”
Bonjour! I’m a student of French looking for a language partner and this post inspired me to write to the French Cultural Center. What a great suggestion!
Your blog is wonderful, by the way!
Salut Mathilde!
Je vois que le sujet date un peu mais je viens d’arriver sur Boston et j’ai vraiment un niveau très bas en anglais… je vais bien aux cours gratuits dans les librairies publiques mais j’ai peur que ça ne suffise pas. As tu des conseils à me donner?
Au passage ton blog est vraiment chouette!
Hello Anne So, merci pour ton message ! Le sujet date, mais je vois tous les commentaires 😉
Mon conseil : l’immersion ! fréquenter le plus possible d’Américains, lire en anglais, écouter la radio, voir des films en anglais, suivre des cours de sport en anglais… Le plus possible ! Et ne pas se décourager.
Bonne installation !
Je viens d’arriver à Boston (enfin il y a deux mois) et je souhaite également améliorer mon anglais qui est actuellement très faible. Suivant ton exemple j ai laissé une annonce à l’alliance française… et pour l’instant je n’ai aucun retour (ça fait déjà deux bonne semaines). Alors je ne sais plus trop quoi faire… si tu as un conseil à me donner ou si tu connais des personnes qui cherchent un partenaire, je suis preneuse!!!
Sinon bravo pour ton blog, il m’est très utile pour les idées de week end!
Coucou Hélène ! Tu devrais peut-être demander de l’aide à l’accueil. Il me semble aussi que les facs recherchent parfois des gens pour faire la conversation.
Merci pour ton message en tout cas !
Si je puis me permettre new prononcé noo ou niou sont les deux corrects, c’est une question de régions. De même pour Hampshire prononcé ‘èmpcheu’ ou ’empchaïeu’.
Dans le doute, sur dictionary.com il y a toujours la prononciation en phonétique et parfois une note explicative. Comme pour « new » par exemple 🙂
Dans le cas de « new » :
Pronunciation note
Following the alveolar consonants [t] Show IPA, [d], and [n], two main types of pronunciation occur for the “long” vowel represented by the spellings u, ue, discontinuous u…e, and ew, as in student, due, nude, and new. In the North and North Midland U.S. [oo] immediately follows the alveolar consonant: [stood-nt], [doo], [nood], and [noo]. In the South Midland and Southern U.S., pronunciations of the type [styood-nt], [dyoo], [nyood], and [nyoo] predominate. Both these types are traceable to England, as well as some less common ones, for example, those in which the high front vowel [i] substitutes for the [y]. A belief that the [yoo] pronunciations are more prestigious sometimes leads to hypercorrection, the insertion of the y sound where historically it does not belong, leading to such pronunciations as [nyoon] for noon.
Ok ! En tout cas aux Etats-Unis pas la peine d’essayer de prononcer niou…
Tu as pensé à faire des groupes de deux (de niveaux ou alors de centres d’intérêt potentiellement communs, en fonction que ce que tu as déjà pu percevoir…) ?
Je sèche pour les sujets de conversation qui ne rentreraient pas dans les incontournables que tu as certainement déjà exploités…
Marie, ce serait trop d’organisation enfin ! non finalement je vais rester avec seulement 2 personnes avec qui j’accroche vraiment bien…
Ah ah !
Dans ma fac je me suis inscrite au cercle français, des américains me contactent pour « pawler fwançay », et en plus je suis payée 15$ de l’heure, c’est bien ça paie les pintes de la soirée…
Je suis tellement d’accord avec toi, trouver des sujets de conversation avec quelqu’un ne connaît ni d’Eve ni d’Adam relève parfois du calvaire…
Bon courage pour la suite !
Merci ! En fait j’ai bien accroché avec l’une des conversation parnters, qui m’a d’ailleurs honteusement aidé à me débarrassée d’une des personnes avec qui la conversation était très très laborieuse. Je suis à présent capable de rompre avec élégance avec quelqu’un ici. C’est moche.