J’ai participé en novembre dernier à un challenge d’écriture appelé Nanowrimo, pour National Novel Writing Month = le mois national de l’écriture de roman. Le roman est juste défini par son nombre de mots, 50,000, peu importe le style, et le défi consiste à écrire ces 50,000 mots en 30 jours, pendant le mois de novembre.
Je me suis inscrite sur le site, c’est gratuit, et tous les jours j’écrivais, puis j’entrais le nombre de mots écrits sur le site. Quand j’ai dépassé la barre des 50,000, au jour 25, j’ai validé mon décompte en copie-collant mon histoire sur le site – sans que ce soit sauvegardé, et… j’ai gagné Nanowrimo. Qu’est-ce que j’ai gagné ? Le fait d’avoir écrit un roman, ou du moins un premier brouillon de roman.
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La préparation en amont
La règle de Nanowrimo, pour ceux qui écrivent quelque chose de complètement nouveau (on peut aussi choisir de continuer un projet en cours) est de commencer à écrire le 1er novembre, rien avant, mais on peut se préparer.
En octobre, c’est ce que j’ai fait, quand j’ai décidé de participer, ça me rassurait de ne pas arriver à sec le jour J. Ma préparation a consisté à écrire une fiche descriptive de quelques personnages, ceux dont j’avais envie de raconter l’histoire : j’ai imaginé qui ils étaient, où ils vivaient, ce qu’ils aimaient, n’aimaient pas, leurs habitudes, etc. J’avais aussi une idée de l’histoire que je voulais raconter, autrement dit de ce qui pouvait arriver à ces personnages, je voulais que ça ne soit pas coincé dans un carcan trop défini : en gros, laisser de la place aux personnages pour évoluer, donc c’est resté assez vague au depart. J’ai lu ça chez Stephen King : je m’imaginais plus comme le vecteur de l’histoire de ces personnages, comme si l’histoire existait déjà et que j’étais là pour la dévoiler.
Les sessions d’écriture au quotidien
Pour atteindre 50,000 mots à la fin du mois, je devais écrire 1 667 mots chaque jour. J’ai surtout travaillé tôt le matin, mais ce n’était pas toujours possible, j’ai fait quelques sessions le soir tard, parfois en rentrant de soirée.
Je voulais absolument écrire un peu chaque jour : on pouvait gagner une médaille – virtuelle – sur le site en écrivant 30 jours d’affilée, c’est exactement le genre de motivation débile qui me convient parfaitement.
Les sessions d’écriture se passaient à peu près toutes de la même façon : je m’asseyais face à mon ordinateur, enfilais une mitaine à la main droite, celle qui devient froide super vite, je relisais les questions que je m’étais posée la veille sur mon carnet, les fils laissés en suspens dans l’histoire, les idées, les pistes, les possibilités, tout ce qui était non résolu. Je choisissais l’un de ces fils et j’écrivais, d’une traite. Ça me prenait environ 45 minutes, chaque jour, d’écrire le quota quotidien. Je finissais en faisant la liste des questions en suspens, qui seraient les fils de l’histoire à reprendre la prochaine fois.
Assez souvent, après avoir écrit, je me disais, fataliste, ça y est, c’est tout ce que j’avais, I’m done.
Même quand la session d’écriture était finie, le job continuait. J’y pensais presque tout le temps au cours de la journée : en faisant le fil dentaire face au miroir (#flossingInspiration), sur mon vélo, en discutant avec des amis de complètement autre chose : je rêvassais – en apparence, mais mon cerveau travaillait à nouer tous ces fils, à leur trouver un sens. Je faisais aussi plus attention à toutes les conversations autour de moi, les attitudes, les façons de faire, et parfois je me disais que c’est ce qu’aurait pu faire/dire l’un des personnages.
Souvent, mais pas tous les jours, je me faisais une deuxième session supplémentaire, même si je faisais attention de ne pas en faire trop, je ne voulais pas épuiser ma motivation : j’avais envie d’avoir hâte de retourner m’asseoir et de continuer mon histoire le lendemain.
Les progrès au fil des jours. Yes, j’ai eu plus qu’une médaille : une coupe de la Victoire
Taire l’auto-critique
Ecrire est quelque chose qui me vient facilement et j’ai acquis de l’expérience au fil des années, en écrivant plusieurs livres de non-fiction et ce blog. Bref, j’ai l’habitude d’écrire. Ça ne veut pas dire que c’est bon du premier coup, mais en tout cas, j’écris rapidement et facilement.
C’est sans doute pour ça que Nanowrimo s’est passé sans peine : l’idée était d’écrire un premier jet de 50,000 mots, sans relire et sans reviser au fil des jours. La quantité était plus importante que la qualité.
Pour y arriver, il fallait taire mon « éditeur intérieur », autrement dit, pas d’auto-critique autorisée pendant ces 30 jours.
C’est vraiment libérateur : l’éditeur intérieur, c’est souvent ce qui fait douter de la qualité, ou même de la pertinence du projet, j’ai essayé de ne me poser aucune question du type « Mais pourquoi je fais ça ? », « Est-ce que c’est vraiment bien ? » ou encore « Je ferais mieux de relire avant d’avancer… »
De l’aide extérieure
J’ai dit à quelques amis que je participais à Nanowrimo, pour me motiver à aller au bout du défi. J’avais des doutes sur cette technique recommandée pourtant partout, et j’ai été surprise 1) des encouragements et de la curiosité que ça suscitait 2) d’apprendre que certains amis aussi rêvaient d’écrire un roman mais ne s’étaient jamais lancés – j’espère d’ailleurs que ça les aura convaincus de le faire l’an prochain.
J’ai dit que je participais, certes, mais je n’ai parlé à personne de ce que ça racontait, je ne voulais pas être influencée, je ne voulais pas recevoir d’avis, de directions, de conseils sur le contenu lui-même.
Par contre, j’ai eu recours à de l’aide extérieure pour tout ce qui concerne la façon de faire avancer l’histoire, et pour des conseils pratiques et de motivation :
- j’ai suivi quelques lives sur Youtube organisés par l’équipe de Nanowrimo ; des videos avec des exercices pour débloquer des situations ou stimuler la créativité : top.
- j’ai lu et relu le livre No Plot, No problem, écrit par le fondateur de Nanowrimo. Je l’avais lu avant de commencer, sauf les dernières parties qui sont des conseils semaine après semaine et que j’ai lues au fil des jours.
Les genres de roman les plus populaires chez les Nanowriters
Et maintenant ?
Maintenant… eh bien rien du tout. Le roman est écrit, il a un début et une fin, je l’ai imprimé, et pour l’instant, je ne l’ai pas regardé, pas relu, pas touché. Je le relirai début janvier, en attendant, je laisse reposer.
L’idée de cette premiere lecture sera de déterminer si ça vaut le coup de faire des révisions, ou si au contraire, c’est tout pourri et je laisse tomber complètement. Un premier jet est toujours très moyen, je jugerai plus de la possibilité d’en faire quelque chose ou pas. Bref, je verrai si l’histoire m’intéresse toujours.
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Bilan : j’ai beaucoup aimé cette expérience au jour le jour, le fait d’être concentrée sur cette tâche qui me semblait au départ insurmontable ; j’ai enfin laissé tomber toutes les fausses excuses pour ne pas m’y mettre.
Le décompte de mots, la deadline, c’est complètement arbitraire mais ça a marché pour moi ! J’ai bien aimé aussi le fait qu’il y ait une communauté de soutien – via les livres, les forums, et les vidéos en direct une fois de temps en temps ; je n’ai pas participé à des groupes en personne, certains se réunissaient à la bibliothèque de Boston.
J’ai lu un truc super intéressant à la fin du livre No plot no problem. Il y a parfois un complexe à dire qu’on écrit. Les gens sont curieux, veulent lire, donner leur avis, et le seul signe de réussite serait d’être publié. Mais quand quelqu’un a comme hobby de faire des puzzles, de la cuisine ou jouer au base-ball, on ne s’attend pas a ce qu’il.elle devienne un champion de puzzle, un chef renommé ou un athlète de haut niveau. Je trouve ça hyper décomplexant de penser en terme de hobby : j’écris car j’aime écrire des histoires, pour moi, et ca peut sonner super américain de dire ca, c’est déjà gagné d’avoir terminé mon roman.
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28 réflexions au sujet de “(nanowrimo) Ecrire un roman en 30 jours : mon bilan”
Je ne connaissais pas ce challenge. C’est assez intrigant. Qui sait, peut-être qu’un jour je le ferai. J’adore écrire de petites histoires, mais je ne les ai jamais montrées à personne.
Hello Mathilde !
Bravo à toi pour cette réussite ! ça donne super envie de tenter l’expérience ! Je vais me renseigner pour essayer l’année prochaine 🙂
Et je suis entièrement d’accord avec ton dernier paragraphe : c’est cent fois plus relaxant de penser l’écriture comme un hobby !
Cool ! tu me diras si tu te lances !
Bravo ! Il faut que je me motive pour l’année prochaine…. Pour m’amuser. mais en grande procrastinatrice doublée d’une flemmarde ça risque d’être compliqué.
J’ai attendu longtemps avant de m’y mettre… parfois il faut la petite motivation supplémentaire, l’envie de le faire et d’avancer sans trop se poser de questions
Bravo Mathilde ! J’ai hâte de savoir ce que tu vas penser de ton manuscrit en janvier !
Un jour, j’oserai… 🙂
Hello Isa, j’ai reçu la newsletter de Nanowrimo pendant 5 ans sans la voir, et cette année, je me suis dit que c’était la bonne. Une fois que la motivation est en marche, « la machine » suit !
Bravo Mathilde, je suis heureux que tu aies mene le projet a bien. L aspect creation comme hobby sans objectif ulterieur est superbe. Tres rafraichissant, j ai hate de lire le resultat, ou pas!
Merci Antoine ! c’était sympa d’en parler avec toi au fil du mois.
Félicitations pour ce défi réussi ! Je suis admirative des gens qui arrivent à créer des histoires.
Tu as relevé ce challenge pour toi et c’est tout ce qui compte.
Merci Amy, c’est exactement ça !
Bravo, Bravo! Ca me semble énorme 50,000 mots je suis donc super impressionnée par ceux qui arrivent au bout du NaNoWriMo, mais c’est vrai que ton article donne très envie de tenter l’expérience, surtout quand on est du genre à aimer écrire.
Je suis assez d’accord avec ta vision de l’écriture comme hobby, quand j’étais petite et que je n’y voyais rien d’autre qu’un loisir j’écrivais bien plus, sans pression. Aujourd’hui je me sentirai ridicule de dire que j’écris – j’ai déjà du mal à dire que j’écris sur un blog alors…
Et évidemment, comme beaucoup, je serais curieuse de connaitre le « genre » de ce roman.
Hello Constance,
J’ai été surprise de la réaction des amis, tout le monde était bienveillant, curieux et encourageant (ou dans le pire des cas : juste ok, fine). Tu devrais le faire !
Wow, félicitations, c’est impressionnant comme rythme ! Je pense depuis quelques années à écrire un polar mais je me dégonfle en permanence devant la somme de travail à effectuer. Je me dis qu’il faudrait peut etre juste que je m’impose un rythme de ce type, un peu moins soutenu quand même, pour écrire le premier jet. Ton retour d’expérience est très inspirant.
Je te conseille ce programme alors ! c’est motivant de le faire dans un cadre bien défini, avec des conseils et une communauté !
Congrats ! Je devais le faire cette année mais cela fut hélas impossible… j’espère me rattraper l’année prochaine.
Depuis toute petite je rêve de publier mon roman, à l’époque je disais “comme ça il restera une trace de moi quand je ne serais plus là” (je ne m’en souviens pas j’avoue, mais ma grand mère s’en rappelle parfaitement!) Bref, ce qu’il me manque c’est la motivation et surtout l’idée, le thème qui me fera me lancer !
Ah mais tu te mets une pression de malade en disant que c’est pour la postérité 😀
Regarde ce que propose Nanowrimo comme aide, ça commence simplement, la motivation, l’idée, le thème, tout est là pour avancer sans prise de tête
Ah mais carrément ! Ce concept et génial….
Que je suis contente d’avoir découvert ton blog ! Plus je te lis, plus j’ai l’impression que toi et moi ops a plein de choses en commun ! A vite x
Hello Audrey,
bienvenue sur le blog ! Quelles choses en commun par exemple ?
Encore une fois, je trouve ce concept vraiment génial ! Félicitations pour avoir tout accompli !
Merci Aurore ! Tu t’y mets l’année prochaine alors ?
Oui, j’ai vraiment envie ! 🙂
J’attendais ce bilan avec beaucoup d’impatience et je suis heureuse pour toi que tu aies réussi, bravo !
Pour avoir rendu des mémoires pendant mes études où il fallait « minimum 12000 mots » et avoir des fois galéré sur la fin, je suis admirative. Comme toi, j’adore écrire. Mais j’aime expliquer, raconter, faire connaître ou faire rire… mais la fiction, je ne sais pas faire. Alors tu as vraiment toute mon admiration, et j’espère qu’en janvier tu nous reparleras de l’avancée de ce projet !
En tout cas, merci pour la conclusion qui décomplexe. C’est vrai que je n’avais jamais envisagé la création comme un hobby et que « mais arrête de perdre ton temps, ça sert à quoi de toute façon » me passe souvent par la tête quand je dessine par exemple. Je vais changer de perspective 🙂
Enfin, petite question de pure curiosité : dans quel genre est-ce que tu situerais ton roman ?
Merci Marie ! J’ai très peu écrit de fiction jusqu’à présent, et en effet, ça me semble un peu différent dans le process que la non-fiction (est-ce que c’est vraisemblable ? où j’en suis des perso? etc.)
J’aime bien l’idée de « perdre mon temps » à faire des trucs créatifs 😀
Laisseras-tu tes lecteurs du blog le lire ?! J’espère 🙂
Hello Marie,
Je n’ai pas encore relu ce que j’avais écrit, donc c’est loin d’être prêt à être rendu public
Salut Mathilde, j’ai une question qui peut paraître bête mais tu as écrit en quelle langue ? Et si tu as écrit en français est ce que tu as soulevé l’idée d’écrire en anglais ?
En français ! c’est la langue qui reste pour moi la plus accessible pour écrire.
Je lis de plus en plus en anglais, mais mon écriture reste grammaticalement faible et limitée de façon générale.