Je raconte dans What’s Next mon expérience personnelle de reprise du travail après la pandémie, après la vente de Boston le nez en l’air, et surtout, après l’arrivée de ma fille. Vous pouvez lire le premier article de ce nouveau projet, début en octobre 2022 ici.
Cette semaine, je publie un long texte sur la première année avec elle et la reprise du travail. Ce texte sera suivi par le podcast compagnon où j’interviewe une amie qui a vécu la même année (nos filles ont six semaines d’écart). La lecture de cet article « What’s Next » est accessible par abonnement payant uniquement, car mon récit est intime, et j’ai envie de le préserver à travers ce filtre. Le podcast sera disponible gratuitement sur toutes les plateformes d’écoute, et vous donnera envie, je l’espère de soutenir mon travail.
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En parallèle de ces contenus, j’avais aussi envie d’écrire un article « d’utilité publique », en apportant un complément d’informations généralistes sur les gardes d’enfants, qui pourrait intéresser toute personne qui songe à faire garder son et ses enfant.s à Boston (et de façon plus générale aux Etats-Unis). Quoi de mieux que de poster cet article ici, sur le blog ?!
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Naviguer les solutions de garde dans un pays qui n’est pas le mien et pendant une pandémie n’a pas été évident. Il y a tout un vocabulaire et des façons de faire qui m’échappaient au départ. Après moult conversations et échanges sur des groupes de « Moms » ici à Boston, voici ce que j’ai compris des différentes options de garde à Boston :
- La Nanny : la nounou, littéralement. Le nom est trompeur, La Nanny est une professionnelle. La plupart travaillent chez l’employeur, directement à la maison. Depuis la pandémie, elles sont très demandées, car travailler avec une nanny permet plus de flexibilité que d’être dans une garderie, et ça préserve (en partie) des germes et des maladies qui engendraient, au pic de la pandémie, bon nombre de fermetures inopinées des crèches. A Boston, le taux horaire d’une nanny varie de 23 à 33$/ heure, en fonction des qualifications de La Nanny et du nombre d’enfants à charge. Une nanny est une employée de maison, c’est-à-dire qu’il faut lui prévoir des jours de congés, des compensations si elle utilise sa voiture pour transporter les enfants, etc.
Les nannys ont souvent un bon réseau d’autres nannys et se retrouvent au parc, à la bibliothèque, au « sing along » du quartier, ce qui permet aux enfants de rencontrer d’autres enfants. Ce n’est pas une solution aussi solitaire qu’on l’imagine. - Nanny share : littéralement, la nounou partagée, c’est une nanny qui s’occupe de plusieurs enfants de différentes familles, directement chez les familles, en rotation dans la maison de l’une et de l’autre famille. C’est une solution séduisante pour sociabiliser les enfants, avec la flexibilité de la Nanny, et sans les désavantages du daycare. Le taux horaire d’une nanny share commence à 33$/heure, ce qui revient moins cher pour les familles, même s’il faut parfois prévoir l’achat d’une « double poussette » au départ. Cette option marche bien si on trouve une famille avec un autre enfant à peu près du même âge, qui a des besoins (sieste, courir dehors) à peu près similaires. Il y a des groupes Facebook dédiés à la recherche d’autres familles dans le même quartier pour rejoindre une « nanny share », ça demande un peu plus de coordination que chercher sa propre nanny.
- Le « Daycare » : c’est la crèche ou la garderie. « Daycare » sonne un peu péjoratif pour certaines personnes qui préfèrent dire « school » même si l’enfant est minuscule et ne marche pas encore…
Il y a deux types de daycares, les centres privés (type Bright Horizons), et les daycares familiaux, autrement dit chez quelqu’un.
Les centres privés ont souvent plusieurs classes, plus d’enfants et proposent parfois aussi une « classe maternelle ».
Les daycares familiaux regroupent souvent moins d’enfants, puisque c’est chez quelqu’un. En fonction de l’âge des bébés et des enfants, un certain ratio d’adultes / enfants est requis.
En 2022, la formule à 2 jours par semaine commence en général autour de 1600-1800$/mois, 3 jours coûtent autour de 2200$/mois et la semaine entière revient entre 2800 et 3500$/mois. Il n’y a quasiment jamais de réduction quand on a plusieurs enfants, ou minime, -10%.
Les tarifs vous semblent mirobolants ? A moi aussi. - Mother’s Helper : ce serait traduit littéralement par assistante maternelle, mais ça n’a en fait pas le même sens qu’en France. Une mother’s helper est en général là pour aider à tout faire dans la maison – un peu de vaisselle, du rangement, changer une couche. Mais elle n’a pas de qualifications, contrairement à La Nanny. C’est souvent le rôle d’une grand-mère ou d’une grande sœur, et quand on cherche quelqu’un d’extérieur à la famille, c’est soit une personne âgée, soit un étudiant. Le mother’s helper aide le parent, plus qu’elle ne s’occupe de l’enfant. La rémunération est moins importante que pour une nanny.
- Baby sitter : c’est un job ponctuel, souvent tenu par un.e lycéen.ne, un.e étudiant.e, un.e voisin.e, bref, un.e jeune qui n’a pas forcément de compétence particulière, juste du bon sens, ce qui est déjà pas mal ! C’est plus du gardiennage pour dépanner. Le taux horaire minimum dans le Massachusetts est de 15$/h mais une baby sitter peut se faire au moins 20-25$/heure. Ca fait réfléchir à deux fois avant de « booker » une baby sitter pour sortir…
Et l’école ?
L’école devient obligatoire à partir de 5 ans (mais dans le Massachusetts, les enfants y vont souvent dès 3 ans), et c’est à partir de ce moment-là qu’on trouve des écoles gratuites.
Pourquoi est-ce que c’est si cher de faire garder son enfant ?
Quand je parle des tarifs incroyables, on me dit : mais comment on fait quand on ne gagne pas de telles sommes ? Certaines personnes (dans la plus grande majorité des cas, les femmes) choisissent de ne plus travailler, ou de travailler à mi-temps. Les couples s’arrangent entre eux, déménagent dans les « suburbs » où les tarifs sont un peu moins rédhibitoires. Les couples se divisent les charges et le temps (ou se divisent tout court, ahah). C’est complexe.
Entre le début des années 70 et aujourd’hui (soit les 50 dernières années), le coût de la garde pour enfants a augmenté de 2000% aux Etats-Unis. Ce qui était autrefois une tâche non rémunérée réalisée par les mères au foyer est devenue une industrie à part entière.
Les coûts d’un daycare se répartissent dans :
- le paiement des employés (qui ne sont pas pour autant bien payés, c’est un métier précaire, avec beaucoup de « turn over »). Dans le Massachusetts par exemple, le ratio est d’un adulte pour 3 bébés jusqu’à 12 mois. Pour un bambin de 13 à 23 mois, c’est 1 adulte pour 3 enfants.
- les assurances et tout ce qui touche à l’aspect légal,
- les loyers car les daycares sont souvent situés dans des quartiers centraux et désirables.
Mais le pire, c’est que ça coûte cher, mais ce n’est pas toujours super… C’est souvent le bouche à oreille qui dit quel centre est bien, et la liste d’attente est souvent longue (et bien sûr, payante, de 30 à 50$ pour mettre son enfant sur une liste d’attente, un coût qu’on ne récupère pas, qu’il entre plus tard dans la crèche ou pas). Bref, pourquoi tant de peine à faire garder son enfant ?!
C’est une question politique de savoir ce qu’on fait de ces petits enfants sous l’âge de 5 ans, pour eux, mais aussi pour la famille tout entière, la place du parent qui ne travaille pas (let’s be real : la femme, la mère dans les couples hétérosexuels).
Président Biden avait un plan de “Pre-K” universel, autrement dit l’école pour les 3 et 4 ans gratuite pour tous les enfants. C’était dans son programme, une loi était en cours d’examen mais a été rejeté par l’opposition conservatrice.
L’idée du parent au foyer avec sa marmaille à s’occuper a encore de beaux jours devant nous.
Quelques articles pour aller plus loin :
- What it takes to run a daycare center – des interviews de personnes qui s’occupent de garderies
- Why Child Care is the most broken business in the US – pourquoi la garde d’enfants est le secteur d’activité le plus mal en point des Etats-Unis
- Raising Kids is « Essential Labor ». It’s also lonely, exhausting and expensive – une interview d’Angela Garbes, l’autrice du passionnant Essential Labor, sur la place « des soins » (du « care » en anglais) pour les enfants aux Etats-Unis
✎ Et vous, dites-moi en commentaire comment se passe la garde de votre petit enfant aux Etats-Unis (ou ailleurs !), et dites moi si vous avez des questions et des commentaires, l’article ne demande qu’à être amélioré.
2 réflexions au sujet de “Naviguer les solutions de garde pour un petit enfant à Boston”
Mon garçon de 3 ans va à l’école à temps plein (donc jusqu’à 15h30…) depuis août ; coût : 1275$ par mois, repas inclus. On est en Californie. Avant ça, c’était 2 matinées par semaine dans une daycare familiale, à raison de $500 par mois. Et avant ça, rien. La seule raison pour laquelle on a fait fonctionner tout ça est que je ne travaille qu’à temps partiel, dont seulement 2 jours en semaine. Ces deux jours-là, mon mari et ses parents se partageaient tant bien que mal la garde (même si en théorie, mon mari « travaillait » de la maison). Bref, beaucoup de stress mais on reconnaît notre chance ! N’empêche, je regrette le système français avec école maternelle quasi gratuite 😭.
Tout ça me parle beaucoup…
Nous payons $2550/mois à Arlington pour 5j semaine de 7h30 à 17h30. Et ce n est même pas une crèche de luxe mais average.. On a aussi les repas inclus sinon c était $100 de moins mais inconcevable de préparer les repas de ma fille de 23 mois la veille en plus des autres charges… Du coup on envisage de déménager puisqu’a 30 minutes d’ici c’est $1000 de moins par an… 😞
L’école gratuite à partir de 3-4 ans c’était vraiment une belle réforme… si attendue…
Bon courage!