Suite du récit d’un week-end prolongé du côté de Asheville, en Caroline du Nord. Je ne saurais plus dire si ces mini-vacances ont été motivées pour aller voir Asheville ou pour aller voir ce parc national, mais le résultat a été le même : on a passé quelques jours dans ce coin du Sud-Est des Etats-Unis pour découvrir une ville où on avait jamais mis les pieds (Asheville) et un parc national (les Great Smoky Mountains). Ce parc est réputé pour être le plus fréquenté des Etats-Unis, avant le Grand Canyon, selon National Geographic, 11 millions de visiteurs en 2016. C’est le genre de chiffres qui aurait tendance à me faire fuir, mais ça m’intrigue aussi : qu’est-ce qu’il y a de si beau et particulier à voir là-bas ? Spoiler alert dans le titre de cet article : du vert.
Même s’il n’y a pas de point de vue spectaculaire à couper le souffle dans ce parc national, l’écosystème tout entier de ces montagnes et forêts est la grande attraction des lieux et relève du miracle si je puis dire (ça pourrait être pris littéralement dans cette région très religieuse). Ce qui suit, je l’ai entendu dans la vidéo du visitor center qui présente le parc – il y a un film dans tous les parcs, et c’est notre petit moment Connaissances du Monde qui mettrait presque la larmichette à l’œil, où on voit en 20 minutes toute la flore et faune possibles des lieux, pendant les 4 saisons : le kif. La particularité des Smoky Mountains, c’est son climat à la fois tempéré et humide, qui a capturé tout ce qui avait été apporté par la dernière ère glaciaire : les glaciers ont repoussé tout ce qu’ils trouvaient en Amérique du Nord jusqu’à ces montagnes, et quand ils se sont retirés, tout est resté coincé au milieu de ces montagnes, dans ce climat favorable. Par un autre concours de circonstances heureux dans cette partie des Etats-unis, cette forêt a été préservée dès 1926 de l’exploitation commerciale, et ça donne la seule forêt primitive de la côte Est. Pour ceux qui connaissent la Nouvelle-Angleterre, on se croirait dans les White Mountains, mais en plus sauvage, avec des massifs de rhododendrons gigantesques et pas d’habitations, ou très peu, sur des kilomètres. C’est tellement sauvage que c’est l’un des endroits au monde avec le plus de diversité : plein de plantes, plein d’oiseaux et de mammifères.
Mais alors si c’est tout vert, d’où vient le nom de ce parc naturel ? Ce sont les Cherokees qui surnommaient ces montagnes les montagnes bleues, bleu comme la fumée. Great Smoky Mountains, ce sont les Grandes Montagnes qui fument : au détour de certaines routes, il y a des montagnes à perte de vue, recouvertes de forêts, et dans le lointain, une brume bleue les dessine en ombre, les nuages restent coincés dans les sommets, et crée un tapis qui ne s’est dissipé que rarement le week-end où on y était.
C’est en sachant tout ça qu’on a abordé ce parc, voici le récit de ce week-end prolongé tout vert.
Vendredi soir, arrivée dans le parc national
On est arrivé dans ce parc national vers 17h, après avoir roulé depuis Asheville où on s’était fait un petit BBQ. Le visitor center du sud du parc, celui de Oconaluftee, est ouvert jusqu’à tard, c’est une bonne surprise de pouvoir y aller à 17h, on ne sait jamais trop quand tout ferme dans ces régions reculées. On prend nos infos, on ne tombe pas sur le ranger le plus inspiré, on lui dit qu’on veut marcher, qu’on peut marcher plusieurs heures d’affilée, il nous recommande quelques randonnées, des points du vue, des routes scéniques, on nous prévient qu’il va beaucoup pleuvoir, c’est la saison. Eh oui, c’est bien pour ça que la veille du départ on a réservé des hôtels à deux endroits opposés du parc, plutôt que de camper : c’est toujours dommage d’être en ville quand on veut être dans la nature, mais c’est sans doute plus simple à gérer.
L’entrée du parc, côté Sud
On monte au point le plus haut du parc, le Clingmans Dome, mais la vue est complètement bouchée par les nuages. On y remontera deux autres fois pendant le weekend, et c’était à chaque fois la même histoire : pas de chance ! Alors on va à notre hôtel, situé à Gatlinburg, une ville à la bordure du parc. Dur à dire sans passer pour une snob, mais c’est une ville de kékés. Une sorte de Las Vegas cheap des montagnes. Pas vraiment ce qu’on imaginait pour un week-end nature, mais on n’a pas le choix. On fait quelques courses pour avoir de quoi se préparer des sandwichs pour être autonomes sur la route, la caissière nous demande si on va randonner « Nobody does that here ! » Le soir on se promène dans les rues très animées, au milieu de boutiques d’armes et de bonbons, de records du monde de l’homme le plus gros, la femme la plus grande, et de tatouages au henné.
Photos de famille dans notre hôtel
La rue principale de Gatlinburg
Boutiques et attractions à Gatlinburg, Tennessee
Samedi, première randonnée
Ce matin, on explore la zone nord-est du parc, côté Cades Cove, on commence par une petite marche. On se lève tôt afin d’éviter, si possible, la foule, c’est tout de même le week-end du 4 Juillet dans le parc le plus fréquenté des Etats-Unis, j’ai peu d’espoir de solitude. Mais la première marche est relativement tranquille. Le chemin en lui-même est sans grand intérêt, bitumé, dans la forêt, certes de couleur flashy verte, ça claque bien. Le chemin fait 4 km aller-retour, et le but est d’aller voir les Laurel Falls, des cascades de 24 mètres de haut. Elles sont très belles, clic-clac on fait quelques photos, on a le temps d’y rester un instant avant d’être avec tout plein de monde.
Promenade dans les bois
Le début du sentier
Attention, ça glisse
Au visitor center : 14 ours vus en une journée, c’est le record !
Première route scénique : Cades Cove
C’est la grande attraction du parc national des Great Smoky Mountains : la route scénique de Cades Cove. Ce jour-là, elle est réservée aux vélos jusqu’à 10h, c’est un super bon plan pour les cyclistes qui ont la route rien que pour eux sur les 18 km. Nous on démarre cette route juste après son ouverture aux voitures, un peu après 10h donc. On se suit à la queue leu leu (mot assez con à écrire je trouve), c’est une file ininterrompue de voitures qui roulent à 2 à l’heure pour tenter d’apercevoir des animaux et pour profiter du paysage : des forêts, des plaines et des montagnes. C’est joli, un peu monotone, c’est dur de ressentir depuis la voiture que c’est un endroit particulier, mais quoiqu’il en soit, c’est de la très belle campagne, on roule au milieu d’une vallée encadré par les montagnes toutes vertes.
Carte en morceaux
Instant contemplatif pour le conducteur
Des enfants installés dans des fauteuils à l’arrière d’un pick-up
Au milieu de la vallée, il y a un ancien village. Les Cherokees chassaient dans cette vallée, et les premiers colons européens y ont construit quelques maisons, un moulin, des ponts. Aujourd’hui, ça se visite à titre historique. Comme c’était un week-end de fêtes, il y avait des animations, on a vu le meunier préparer sa farine, le ferronnier manier le fer, etc. C’est sympa, un peu anecdotique, je me demande toujours comment des gens ont pu arriver là au milieu de nulle part ; cette vallée à un côté idyllique façon Laura Ingalls, for sure.
Cataloochee, le Sud-Est du parc
On avait prévu un autre hôtel au sud-est du parc samedi soir, pour permettre d’explorer une autre partie du parc, et on a consacré l’après-midi à faire du road trip dans cette zone (ou si vous vous sentez moins cool, on peut juste dire : « on a fait de la voiture »). C’est l’une des parties que Manu a préféré, sans doute parce qu’il pleuvait beaucoup, il y avait de la brume, ça créait une atmosphère très particulière, un peu spooky. Il y avait par endroits des murs de végétation gigantesques, des massifs de fleurs sauvages coincés dans des racines d’arbres immenses, c’était très impressionnant. En allant jusque là-bas, on a croisé des drapeaux confédérés sur la plupart de maisons (le drapeau du sud des Etats-Unis du temps avant la guerre de Sécession, quand le sud voulait maintenir l’esclavage), c’était pile pendant toutes les polémiques de drapeaux/statues en hommage aux héros du sud, et les voir en vrai sur des maisons, ça crée le malaise.
On croise un troupeau de cerfs sur le bord de la route
Dimanche, une vue scénique pour commencer la journée
De retour dans la zone centrale du parc, aujourd’hui on a décidé de marcher sur une portion de l’Appalachian Trail, en passant d’abord par la route scénique du parc, déjà empruntée vendredi soir, mais cette fois-ci, on s’arrête prendre des photos. Cette vue prise le long de la route principale du parc illustre tout à fait le nom du parc : les montagnes qui fument, alias les montagnes bleues !
L’Appalachan Trail
*Avant de commencer, petit point sur la prononciation de trail : on a reçu de la famille récemment qui parlé de trail en disant tra-iy-le, aux Etats-Unis, si vous voulez vous faire comprendre, prononcez plutôt : trèl, pas de diphtongue, ni de « aïe ». That being said, on a marché un petit bout de cette immense route de randonnée, on l’a déjà empruntée dans les White Mountains, beaucoup plus près de chez nous. Ce sentier relie la Georgie au Maine, le Sud au Nord par les montagnes des Appalaches, sur 3500 km. On s’est contenté de marcher 13 km, soit même pas 1%, depuis le parking de Newfound Gap jusqu’au point de vue dit Charlies Bunion. Le chemin était de niveau modéré, ça monte bien, c’est beaucoup de forêt et très peu de vues, mais quand ça se dégage, c’est vraiment chouette.
Une fois arrivé au bunion (= l’oignon des pieds en français), il y avait d’un seul coup plein de marcheurs, et notamment certains qui marchaient pour plusieurs semaines sur le sentier, dont un couple de personnes âgées qui le faisaient pour la troisième fois ensemble !
Le bunion sous tous les angles
Un peu mytho, genre on fait l’Appalachian Trail
Ca monte, et parfois ça descend
Pique-nique de roi (ça me rappelle qu’on a oublié notre mini-glacière dans un frigo cet été en Utah)
Dimanche après-mid road trip
Après la marche (et la sieste), on a roulé à travers le parc, sur la section dans le parc de la Blue Ridge Parkway, une autoroute scénique, là encore, le thème était : VERT. A l’approche des petites villes, on longe des rivières où des dizaines de personnes sont assis les fesses dans l’eau coincées au milieu d’une grosse bouée : c’est du tubing, on se laisse flotter et porter par le courant, activité estivale lazy par excellence. Malgré la pluie, il fait chaud, ça donne envie de s’y jeter pour se rafraîchir.
Passion tunnel
Sur le bord de la route, l’elk majestueux, juste posé là
On n’a pas loué de gros 4×4 cette fois-ci, mais on est passé par des petits chemins sympas
Lundi, la vue ? toujours pas.
Avant de repartir définitivement vers Asheville, on monte à nouveau en haut du Clingmans Dome. Pour accéder au sommet, il y a 500 mètres à faire d’une pente bien méchante, et puis il faut monter par cette passerelle au look futuriste si on vit encore dans les années 50. La vue était bouchée, couverte de tous les côtés, c’était nuages, nuages, nuages. On a attendu un peu, mais ça n’avait pas l’air de bouger.
En route pour Asheville par une route scénique : la Blue Ridge
Il est temps de partir, on retourne à Asheville en prenant la route des Blue Ridge (la crête bleue), c’est une route scénique réputée pour ses belles vues, j’ai trouvé ça assez boring : c’est assez monotone. C’est injuste pour la forêt et les collines, on n’est pas lassé de voir des canyons et de la pierre rouge à perte de vue, mais le vert de la campagne doit sans doute nous rendre apathique.
Mon avis général sur ce parc : comme tous les parcs nationaux aux Etats-Unis, c’est un endroit spécial où la nature est à l’honneur. Malgré la grande présence de la faune – ours, élans, etc., on n’a pas vu grand chose à cette période trop touristique, on le savait en y allant le week-end du 4 Juillet, mais c’est toujours un peu décevant de ne pas voir les plus gros mammifères du parc. Le temps pluvieux nous a un peu refroidi pour aller camper, mais on aurait peut-être pu faire un effort pour se sentir encore plus immergés dans l’ambiance du parc ; les hôtels et villes aux abords des parcs nationaux ne sont jamais super… En s’y prenant bien à l’avance, on aurait aussi pu loger une cabine en haut du Mt Lecomte, il faut randonner pour y aller, payer 200$ pour une chambre super rustique, mais l’isolement est garanti !
Infos pratiques :
- Les hôtels réservés : la première nuit, nous étions au Gatlinburg Inn*, la ville est horrible à mon goût, mais l’hôtel est bien situé, pas loin du parc, côté Nord. Les 2 autres nuits, on était au Best Western Smoky Mountains, au sud-ouest, un peu plus loin du parc, là encore un hôtel ok mais sans grand intérêt, dans une ville par contre où on peut trouver de bons petits restos, on est allé au Frog Leap Public House et c’était très bien, dans le style tapas
- En 2017, le parc était gratuit !
- Les randonnées : Laurel Falls ; Charlies Bunion ; autres randonnées recommandées par le ranger mais pas faites : Mount Lecomte + Ramsey Cascades (niveau confirmé)
- Bon à savoir : Toute la partie nord du parc (Chimney Tops) était fermée pour cause d’incendies l’été précédent, fin 2017, la zone autour du Dome était fermée également. Vérifiez le site si vous voulez plus d’infos sur ce qui est ouvert/fermé selon les saisons : routes fermées des Smoky
- La meilleure saison pour y aller : ce n’est pas l’été, pluvieux, comme ce qu’on a fait, mais l’automne, où l’été indien est fameux
- Dans le genre curiosité/Amérique pas comme sur les côtes, la région est réputée pour le parc Dollywood, fondé par Dolly Parton, un grand parc d’attractions
- A lire aussi : 2 jours 1/2 à Asheville et le récap en images de tout ce mini-périple
Au milieu de l’Art District de Asheville
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10 réflexions au sujet de “Bienvenue dans un monde tout vert : les Great Smoky Mountains”
Bonjour,
Je vous remercie pour votre très joli site qui est bien fait et utile. J’ai pas mal navigué aux Etats-Unis et je projette possiblement un voyage en Caroline l’année prochaine (été 2024).
Par contre, je ne comprends pas comment un simple drapeau peut vous mettre mal à l’aise. Ce drapeau représente avant tout une culture, une histoire et un héritage. C’est un peu facile de venir juger les personnes arborant fièrement ce drapeau avec une vision anachronique et influencé par le wokisme venu de Californie.
Je comprends que pour vous « wokisme » est quelque chose de négatif ?
Le drapeau conféré me met mal à l’aise parce qu’il représente un héritage raciste.
Ah vous auriez dû faire les distilleries à Gatlingurg, ça vous aurait aidé à voir la ville un peu mieux ^^, mais d’abord avec toi, cette ville fait ville cheap de montagne mais en WE entre amis, c’est assez marrant. Le mieux, se louer une cabin à côté de Gatlinburg, c’est tout de suite plus chouette. Sinon pour la blue ridge il faut y aller en automne quand les arbres changent de couleur, c’est vraiment très beau et bcp moins boring 😉
En pleine préparation d’un long voyage au USA l’an prochain avec mon amoureux, dans le but de justement visiter les Parcs, ton blog est vraiment une mine d’infos géniale. Merci pour tout ça.
Sinon, je me permet de te signaler que la plus grande partie des photos illustrant cet articles ne s’ouvrent pas. C’est peut être un bug de mon navigateur seulement (pourtant j’utilise Chrome), mais au cas où, je voulais te le dire
Comme vous, on avait pas eu de chance au Clingmans Dome, très nuageux!
Mais la montée et cette passerelle, je m’en rappellerais 😉
C’est superbe! J’adore les White Mountains, et pour le coup je ne me lasserais pas de ce vert a l’infini.
à refaire lors d une autre saison alors
j espère pouvoir visiter un jour un de ces parcs nationaux
en attendant prochain objectifs us , la côte est
Waah ces paysages sont merveilleux !!! J’avais également fait un bout de l’Appalachian Trail (mais au Québec) et j’avais également croisé des gens tout boueux qui semblaient vivre dans les bois depuis 3 ans et qui, je pense, le faisait en entier. Je rêve de le faire un jour aussi 🙂
Ce parc a vraiment l’air super beau ! par contre un chemin bitumé pour une rando c’est un peu bizare, je n’ai jamais vu sa en France (sa existe peut être …).
C’est vrai que le mot « Trail » peut porté à confusion : je n’ai jamais remarqué que je le prononçait différemment selon que je le lisais en anglais ou en français lool! (bon maintenant je sais !).
C’est pour l’accessibilité pour les personnes en fauteuil, tu vas me dire que ce n’est pas une raison pour bitumer un chemin… Ca arrive aux USA, comme les sentiers en petit ponton de bois pour accéder des zones humides ou fragiles.