19 novembre 2011, c’est le jour de mariage. Les copains nous attendent à la mairie du XXè, on a prévenu tout le monde quelques jours avant « au fait, on se marie et puis, ça y est, on part aux Etats-Unis ». J’imaginais que c’était un truc complètement fou de se marier vite fait, depuis, j’ai rencontré de nombreux autres expats qui ont fait la même chose. Il y a même un mot en anglais pour dire ça : to elope.
Je n’avais pas vraiment prévu de me marier, mais pourquoi pas. Je n’ai aucune intention de changer de nom, ni de porter d’alliance. Mais envie de faire la fête, ça oui. C’est notre dernière fête avant le grand départ.
Mes copines ont été géniales, la journée de mariage était super, le « livre d’or » du mariage est bourré de conneries et de mots gentils ; on était ensemble, sans chichi : champagne et mini-quiches à la maison après la mairie, et soirée dans un bar en bas de chez nous. On avait l’endroit pour nous, bières à volonté, musique assez merdique mais festive (the best).
C’était il y a 4 ans, putain, 4 ans !
Aujourd’hui, j’ai le coeur gros d’être loin de tout le monde ; je n’avais pas regardé les photos du mariage depuis des années, c’était top de nous revoir jeunes et beaux (si, si), tous ensemble, la douce nostalgie d’une époque révolue, celle d’avant les 30 ans peut-être.
La vraie tristesse, c’est surtout celle ressentie pour les victimes et leurs familles des attentats commis la semaine dernière à Paris, et les conséquences de tels actes sur la vie de tous ; il y ce sentiment d’impuissance en vivant loin, on ne peut pas réconforter vraiment grand monde – j’envoie des messages, des « je pense à toi », on se promet de se Skyper, on lit frénétiquement tout ce qu’on se met sous la main via Internet pour être sûr de ne rien rater, pour tenter de comprendre. Bien sûr, notre peine est minime par rapport aux malheurs et aux angoisses des gens sur place. On est juste solidaire de la chiale.
La solidarité des Américains a été super ici à Boston, rassemblement avec présence du gouverneur du Massachusetts, du maire de Boston et même de la super sénatrice Elisabeth Warren, drapeaux français, minute de silence. Les amis américains autour de nous ont été top aussi, à s’inquiéter, à demander si tout le monde allait bien, à mettre des drapeaux tricolores sur leurs visages facebook. Il y a ceux aussi qui s’en foutaient et râlaient qu’on ne parle pas plus d’autre chose, d’ailleurs. Je les comprends aussi – j’ai un peu de mal, mais j’essaie de les comprendre, et de ne pas m’emporter quand on m’explique des théories politiques sur les raisons de telle ou telle chose.
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Je ne voulais pas reprendre la vie du blog comme si de rien n’était, c’était mon petit mot pour Paris.
9 réflexions au sujet de “Love in Paris”
Tu as bien fait de faire ce billet. Après de tels éventements, c’est difficile de parler de choses autres, tout parait si futile. Take care 🙂
Touchant ton article Mathilde. Je découvre au passage ton blog, celui qui n’est pas sur le yoga, quoi 🙂 Et j’ignorais que tu étais mariée! Bel anniversaire de mariage alors 🙂
Eh oui, c’est mon « big » blog celui-ci 😉
Et je suis mariée, pas vraiment un secret, mais pas non plus quelque chose que je mets en avant non plus. Bisettes !
Dure semaine ici à Paris, même quand tous les proches sont sains et saufs… Ça nous a fait chaud au cœur toute cette solidarité. Vendredi on ira boire une bière en terasse !
Je ne vis qu’à Strasbourg est déjà je me sens très loin de Paris. Pire, j’ai l’impression que la solidarité a été plus forte à Londres, Boston, Berlin ou Montréal qu’ici. Personne ne m’a demandé comment allait ma famille ou mes amis alors que tout le monde sait ici que je suis parisienne. Je ne pensais pas que c’était si dur de vivre loin de chez soi, même si ce n’est pas si loin, et c’est très étrange pour moi de me retrouver davantage dans ces récits d’expatriés que dans deux des parisiens.
Maintenant je veux bien que tu reprennes la vie du blog, parce que ça fait un bien fou de lire des articles qui font voyager et rêver comme les tiens!
Coucou Constance,
Merci pour ton petit mot ; je me dis que parfois aussi il faut demander de l’aide, dire qu’on a besoin de soutien. C’est vrai qu’en étant étranger dans un pays, les gens me repèrent plus facilement, mes amis n’ont souvent qu’une seule amie française.
Bon courage pour la suite !
xo
J’aurai tellement voulu être dans une grande ville pour me retrouver avec pleins de français… ici on est nombreux, mais tous éparpillés assez loin. Pour les attentats de Janvier on étaient nombreux à se retrouver, c’était bien, mais au milieu on avait des américains friands de leur moment de gloire et les médias… cela a été un show total, très dérangeant pour ma part…et surement pour pleins d’autres. Cette fois on a demandé aux gens de respecter notre deuil, je pense que pas mal de français ne voulaient pas confronter ce même malaise… au cas ou… on a espéré que le respect soit plus présent, on a tenté de faire passer le message qu’auprès des français, mais la presse s’en est vite emparée… arrivés là bas, tous les francais étaient regroupés et on avait encore droit au show de certains américains… Très dérangeant pour ma part, pour beaucoup de français, mais aussi je pense pour certains américains qui sont venus et se sont fait discrets mais voulaient venir partager notre peine. Je pense que cela a rendu la commémoration plus dure… on s’est dit qu’en fait on aurait tous du se retrouver dans un bar autour d’un verre, car tous ces fêtards qui nous ont quitté auraient voulu nous voir faire cela! Dans tous les cas j’ai l’impression que vous avez eu une belle commémoration à Boston ça fait chaud au coeur 🙂
Salut Julie,
Où est-ce que tu vis ?
Je ne vois pas vraiment de quoi tu parles pour les américains « friands de leur moment de gloire »
Bon courage pour les jours à venir !
Bises,