La forêt pétrifiée était l’une des étapes de notre road trip des déserts au sud des Etats-Unis, du Texas à la Californie, pendant l’été 2015 ; son nom nous a attiré malgré les distances incroyables pour y parvenir, on faisait cap vers l’ouest, mais on a fait un crochet vers le nord de 800 km pour aller voir cette forêt, qui fait partie des parcs nationaux américains. C’est un endroit qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable à l’époque, et j’ai été surprise de ce que j’ai vu en redécouvrant les photos que Manu a prises ce jour-là.
Avant d’y aller, j’imaginais qu’une forêt pétrifiée était une forêt maléfique, comme dans un conte de fées. Mais la forêt pétrifiée n’avait pas de paysages grandioses ou effrayants à offrir, c’était plus une exploration géologique dans un lieu désertique et relativement plat (avec quelques canyons surprises, c’est l’Arizona tout de même) : une beauté spéciale plus difficile à appréhender qu’un paysage simplement wahoo type Yosemite, Bryce canyon & cie comme on en croise tant dans le sud-ouest américain (je ne suis pas blasée, promis !)
On est parti de Tucson mardi matin, et on a fait du road trip façon Manu, c’est-à-dire en empruntant les routes les plus petites de la carte, quitte à rajouter 500 km juste pour voir un truc souligné. On a donc emprunté l’Appache Trail et on a croisé l’immense barrage de Hoover (je fais du name dropping, j’en parlerai peut-être plus longuement une autre fois). Dès qu’on a trouvé un camping (après avoir vu une sorte de réplique du Grand Canyon au détour d’une route, il faut vraiment que j’en reparle de ça), on s’est arrêté ; on a rencontré Bob, un motard du Wisconsin en route pour Tucson.
Le lendemain, soit mercredi 2 septembre, on avait encore 60 miles à parcourir sur une zone plate, ce qu’on voit sur la photo de route. Boring. Il me semble qu’on en était à notre deuxième livre audio, un Jules Verne, ce qui ajoutait de l’aventure à la route monotone.
Juste avant l’entrée du parc qui est apparu d’un coup, comme un mirage, au milieu de la platitude, d’immenses panneaux indiquaient une boutique, où acheter des bouts de forêt pétrifiée. Quand on entre dans le parc, on nous demande si on en a acheté, car c‘est en fait illégal d’en acheter ou d’en ramasser (good to know). Le parc a été pillé quand il a été « découvert » par les pionniers et les colons à la fin du 19è siècle, puis pillé encore plus quand la route 66 est passée à proximité, amenant des milliers de curieux. Une lectrice du blog m’avait dit qu’ils portaient malheur, si jamais quelqu’un en sait plus sur cette légende urbaine sur le bois pétrifié, ça m’intéresse. Non pas que j’en ai chez moi, mais pour l’info.
☝ Voici du bois pétrifié. Si vous imaginiez un remake de la traversée de la forêt par Blanche-Neige, c’est raté. Le bois pétrifié ressemble à de la pierre. Whaaat? Je sais, c’est dur à imaginer pour tous les esprits non-scientifiques comme le mien. Un bon géologue vous expliquerait comment, il y a 225 millions d’années, cette zone était un lac, que le bois s’est retrouvé sous l’eau et a été compressé (je schématise obviously). Quelques ères géologiques plus tard, le bois réapparait sous forme de pierre : TADA !
Le bois pétrifié est très joli à regarder, avec ses multiples nuances. C’est brillant, et même sans y toucher, de près on devine la texture de pierre, et non de bois. Il y a aussi une multitude de fossiles de plantes et d’animaux, qui permettent encore aujourd’hui d’en savoir plus sur les dinosaures. Amazing.
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☝ Agate Bridge. Le pont d’agate, une structure en suspension. On peut voir des photos d’archives avec des gens debout sur le pont : maintenant l’accès est totalement interdit afin de le préserver.
Bienvenue dans les Badlands
Badlands : j’adore ce nom dramatique qui décrit ce que j’aime traduire par paysage désolé. Un badland est un terrain aride et érodé. On est descendu le long d’un sentier pour voir ça de plus près ; à peine quelques mètres plus bas, on ne voyait plus la route, on était ailleurs. Conversation qui revient sans cesse quand on est dans ce genre de paysages : « t’imagines les premières personnes qui sont passées par ici ? »
Les surprenantes couleurs du désert peint :
Une route sillonne dans le parc, sur 28 miles de circuit. Même sur cette distance relativement courte, c’est chouette de voir que le décor change petit à petit : on est dans un désert, dans un badland, mais c’est plus subtil que ça en a l’air, comme en témoigne ces superbes collines peintes, des painted hills.
Quelques traces de peuplement :
☝ Newspaper Rock : le rocher des nouvelles. La photo est très zoomée, elle a été prise en haut d’une falaise, le rocher avec les inscriptions étant en contrebas. Pas moyen d’approcher de près ces pétroglyphes qui restent encore aujourd’hui une énigme : le mystère de leur signification, qui et quand ils ont été dessinés n’a pas encore été résolu, même si on sait que certains sont des calendriers.
L’ancienne route 66
☞ La célèbre route (qui, techniquement, n’existe plus) débute à Chicago et se termine 2500 miles plus loin à Los Angeles, et elle passe donc près du parc de la forêt pétrifiée, en Arizona. Etablie en 1926, c’était un corridor naturel de transport et de commerce depuis des milliers d’année (j’ai appris ça sur la brochure du parc, gratuite).
On a eu dix fois l’occasion de faire la photo typique sur la route 66, avec le signe 66 peint en blanc sur le bitume, mais faut croire qu’on devait être blasé ce jour-là car on en a fait aucune ; il faut dire, spoiler alert – qu’en sortant du parc vers 14h30, on a ensuite roulé pendant plus de 8 heures pour arriver au parc de Joshua en Californie, ce qui enlève parfois l’envie de faire une photo fun-souvenir.
Voilà ce que j’ai pour le souvenir, un vieux tacot et moi :
Une dernière vue avant de sortir du parc, où, petite anecdote, on a croisé des gens originaires du village voisin de là où vit le père de Manu, et qui le connaissait (vaguement). Comme disent les vieux, « le monde est petit ».
Conseils pratiques pour profiter du parc de la forêt Pétrifiée :
- Contrairement à ce qu’on a fait (arriver par le Sud), c’est un parc où on accède plus facilement par le nord, via l’immense autoroute 40. C’est une partie de l’Arizona qui est très isolée, près des réserves de Natives Américains.
- Je recommanderais d’y passer une bonne demi-journée, ce qu’on a fait, car il y a pas de longues randonnées dans le parc.
- camping : pas de camping dans le parc. Nous avons trouvé un camping à Show Low (en regardant sur un bonne vieille carte routière) à 60 miles au sud du parc. C’était le plus cher de tout notre voyage : soit 17$, mais du coup avec des douches chaudes et un emplacement ratissé à notre arrivée.
- L’étape suivante a été Joshua National Park. Et là encore, ce n’était pas très logique tellement c’était loin. Je suppose qu’une étape plus classique aurait été le Grand Canyon ou Sedona. Ce n’était pas le thème de notre voyage, et ces zones sont tellement riches qu’on aurait eu le temps de rien bien voir dans le temps qui nous était imparti. On a donc décidé de tracer la route vers l’ouest. A suivre au prochain numéro.
☞ Dans la catégorie forêts surprenantes aux Etats-Unis, et dans un tout autre genre, on a croisé aussi Hoh, près de Seattle, une forêt millénaire.
☞ Dans la catégorie forêt pétrifiée, on a croisé des séquoias pétrifiés dans le Colorado, près de Colorado Springs, je n’ai pas fait d’articles à ce sujet, par manque de photos . Cela dit, si vous passez pas loin ça vaut le coup d’aller faire un petit tour !
15 réflexions au sujet de “(road trip) A la découverte de la forêt pétrifiée en Arizona”
Il y a des troncs pétrifiés, certes.
Mais ce qui est le plus stupéfiant a mon gout, c’est qu’il y a des tronçons de troncs pétrifiés.
Ce n’est pas la nature qui a sciés ces troncs de la sorte.
Alors qui donc aurait pu, il y a des millions d’années, couper ces troncs de la sorte ?
Voyez vous ou je veux en venir ?…..
Votre ouverture d’esprit devrait faire le reste !
Ils n’ont pas été coupés, ils sont juste vieux de plusieurs millions d’années.
Vous avez toutes les réponses sur le site du parc : https://www.nps.gov/pefo/learn/nature/geologicformations.htm
Bonjour Mathilde,
C’est peut être le manque de soleil qui fait que tu n’en as pas un grand souvenir, le soleil en effet fait ressortir les couleurs incroyables des bois pétrifiés.
C’est drôle je me souviens, lorsque qu’on a traversé le parc du sud au nord jusqu’au painted desert, d’avoir été suivi tout au long des 45 kms par un gros orage. On était toujours au soleil mais dès qu’on quittait un point d’intérêt ou une des petites balades l’orage arrivait sur nous, et il nous est tombé dessus juste quand on partait.
La ville d’Holbrook juste à 33 kms mérite aussi une visite quand on est dans le coin, c’est en effet une ville qui est restée pétrifiée dans les sixties, elle a réussi à survivre à la route 66, et c’est celle qui pour moi en a gardé le plus de souvenirs comme elle semble ne plus avoir évolué depuis. C’est là que se trouve le fameux Wigwam Motel avec ses tipis et ses vieilles voitures américaines.
Bonne continuation
Bruno
Merci pour la belle découverte, beaucoup moins classique et connue que le Grand Canyon & co mais justement, c’est pour ça qu’on aime ce blog !!
Et encore et toujours, on reste scotchés devant l’immensité des paysages…..
C’est fou cet endroit ! Les photos sont magnifiques ! Je trouve en plus que le temps couvert ajoute une vraie touche au paysage et accentue le côté « pétrifié ». Ça donne vraiment envie, merci beaucoup pour cette découverte !
Merci pour ton petit mot !
L’orage a menacé toute la journée… il faisait chaud cela dit !
En pleine préparation de notre prochain road-trip en Arizona et Nouveau-Mexique, cet article arrive à point nommé. Merci de partager toutes vos expériences avec autant de qualité.
Super !
merci de mettre un petit mot sur ton blog si jamais tu utilises le blog pour les préparatifs 😉
Un local me l’avait dit aussi, mais il n’y a guère que ça qui est un peu développé : http://www.weirdus.com/states/arizona/local_legends/curse_of_petrefied_forest/index.php
Merci pour ce reportage, ça fait bien de voir ces paysages désertiques… Déserts.
Au final, tu as aimé ou tu es toujours mitigée ?
Comme je disais dans l’intro, je n’avais que peu de souvenirs de ce lieu, je me souvenais plutôt qu’on avait croisé des gens du sud-ouest au lieu d’avoir une image du parc en tête. En revoyant les photos, les souvenirs sont revenus, et je me suis dit que j’avais mal apprécié cet endroit, malgré tout unique et stupéfiant ! ça a été un sacré détour de road trip, beaucoup de km avalés mais je le referai, pour sûr !
C’est vrai que le nom est fascinant ! C’est vrai aussi que du coup, en photos, c’est moins « wahou » que certains paysages, mais ça donne quand même envie.
Surtout que les paysages des dunes colorées pour le coup sont très beaux !
Et puis du bois qui se transforme en sorte de pierre… il faut avoir vu ça je pense !
C’est clair que c’est un chouette coin, unique en son genre – sinon il ne serait pas « Parc National », le label est mérité !
Bises,
C’est fou ces paysages ! En Septembre dernier, pendant notre road trip, nous sommes passés par Valley of Fire et il y avait des Petrified Logs. Il y avait un tronc (je suppose) entouré de grillage, comme ça personne n’y touche, mais c’est impressionnant de se dire que c’était simplement du bois il y a des millions d’années !
Exactly ! c’est fou la géologie !!
bises,