Ce n’est pas un poisson d’avril, il faut encore expliquer, encore et encore, pourquoi le mouvement Me too n’est pas allé trop loin, pourquoi faire avancer les droits des femmes est une bonne chose.
Je sors vendredi soir avec de nouvelles connaissances « Tu verras, ils sont super sympas » me prévient Manu. Et oui, ils sont super sympas ! On discute boulot, vacances, fêtes. Et puis quelqu’un parle de séries, puis évoque Louis CK, et la question est lancée, au départ juste comme une boutade : « est-on allé trop loin avec Me Too ». Les réponses s’enchaînent, et je m’étouffe dans ma pizza aux champignons « c’est devenu trop dur d’être un homme aujourd’hui, on ne peut plus flirter, on ne peut plus rien dire » suivi d’un consternant « certaines l’ont implicité bien cherché ».
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Je ne vais pas discuter du fond de ce problème ici. Ce qui m’intéresse, c’est la discussion même. Depuis 2016, l’art de la conversation semble être au centre de nombreuses méta-discussions, : comment mieux converser de ce qui fâche dans une societé super polarisée.
J’ai longtemps eu tendance à adopter deux postures opposées : soit l’énervement maximal, ou alors le retrait absolu, parce que « à quoi bon ».
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Lindy West ne renonce jamais face à une conversation compliquée. Elle parle de ses trolls sur Internet et dans la vraie vie comme jamais dans son livre d’essais Shrill.
J’ai entendu parler de Lindy West pour la première fois dans l’excellent podcast This American Life, dans l’épisode Tell me I’m fat (Dis moi que je suis grosse) il y a quelques années, où elle racontait une altercation avec son boss (le pourtant très libéral Dan Savage) qui critiquait le fait qu’elle soit grosse, et selon lui par conséquent pas en bonne santé. A l’époque, cet épisode m’avait interrogé, et j’avais du mal à comprendre les arguments anti-anti-gros, bercée que j’étais par le « la minceur c’est mieux ». J’ai écouté Lindy.
Petit à petit, en lisant sur la grossophobie (en anglais le fat-shaming), j’ai évolué ma façon de penser sur le sujet. Et puis j’ai lu Shrill*
*Shrill peut se traduire par super moche, c’est utilisé de façon péjorative pour décrire une femme pas attirante selon les critères normatifs ; c’est aussi utilisé pour décrire une voix stridente et désagréable… et le terme est utilisé de façon condescendante le plus souvent pour décrire une voix de femme
En 18 courts essais, Lindy West aborde des sujets comme l’avortement, être grosse, les blagues sur le viol, etc. Son écriture est claire et précise, et surtout, elle ose ! Je suis épatée par son courage, son implication dans des sujets politiques et sociaux par ses textes. Elle écrit des articles et livres engagés sur le féminisme, ce qui lui amène un nombre incroyable de trolls, la moquerie et la violence des attaques qu’elle reçoit sont incroyables. Elle a fait face à cela de façon massive et depuis des années. Comment réagir ? Comment répondre ? Comment résister ? Elle donne son mode d’emploi et met en pratique ce qu’elle prêche.
Le livre est sorti en 2017 mais refait parler de lui car une série inspirée par le livre vient de sortir, avec le même titre, Shrill. L’actrice et comique Aidy Bryant, géniale et magnifique, a le rôle principal. La série est courte, 6 épisodes, disponibles sur Hulu, et combat subtilement les préjugés contre les femmes grosses. C’est drôle, beau, coloré, joyeux.
- A écouter : l’épisode de This American Life sur le trolling, avec Lindy West
- A lire : Shrill, Notes from a loud woman, Lindy West
- A regarder : la série Shrill, sur Hulu
Tout nouveau, tout beau, si ça vous intéresse, à acheter par ici
Quelques news côté Boston le nez en l’air
- Je recherche de nouveaux guides pour ce printemps/été, l’annonce est à lire ici, et à transférer à ceux et celles que vous connaissez et qui pourraient être intéressé
- L’ebook Boston le nez en l’air, mon guide sur Boston, a été mis à jour dans sa version 2019 : ça veut dire plus d’infos, plus de bonnes adresses, de nouvelles photos et tout mis à jour. + d’infos dans cette page de présentation, j’espère qu’il vous plaira !
- A partir de la mi-mai et pour tout l’été, je vous propose – les guides de l’équipe et moi – une toute nouvelle visite de Boston autour du Waterfront, le front de mer de Boston. J’en parlerai plus en détails dans un prochain article, mais vous pouvez déjà lire la description sur le site Boston le nez en l’air et réservez votre visite si vous venez cet été, c’est LA visite de l’été pour profiter et découvrir la ville.
Les chantiers de Charlestown
Du côté de Seal Beach, Los Angeles
Lu / Vu / Entendu dans le vaste monde d’Internet :
- Wellness et réconciliation, un article sur le corps par Lili Barbery (en français)
- Avez-vous testé le service de films Mubi ? Une sorte de Netflix qui sélectionne des films indépendants du monde entier, avec un nouveau film par jour, histoire de ne pas chercher pendant trop longtemps quoi regarder
- Ma copine Paula Braconnot répond à des questions sur son parcours de freelance dans ce podcast en français. J’ai rencontré Paula à Paris quand j’étais salariée chez Larousse, tandis qu’elle bossait en freelance pour eux. J’étais déjà admirative à l’époque de ses choix combinant vie d’artiste et de freelance, et elle fait sans doute partie des premières personnes à m’avoir instillé l’idée de faire les choses autrement, alors qu’à l’époque, du haut de mes 26 ans, le CDI semblait le Graal absolu de la vie professionnelle. Les choses ont bien changé depuis. Si vous êtes freelance, ou envisagez de le devenir, écoutez ce que Paula a à dire sur le sujet !
- Si vous ne l’avez pas lu, j’ai posté un article mercredi sur ma récente visite des studios Warner à Los Angeles.
8 réflexions au sujet de “Monday Morning #107 // Shrill”
Je note la série Shrill ! J’ai d’ailleurs vu que la saison 2 de Fleabag était sortie, j’ai regardé la S1 grâce à toi, il faut que je regarde la 2 maintenant ??
Ah trop bien Fleabag, j’avais beaucoup aimé.
Reste à trouver le temps de regarder cette série…
J’espère que Shrill te plaira !
Je vais me pencher sur ce livre parce que c’est vrai que j’ai aussi du mal à sortir de ces postures. En général j’opte soit pour la fuite « non mais hum hum, sinon, vous avez vu, il a neigé à Miami, fou non? », soit si je suis en forme pour un fâchage intense qui fini aussi par une fuite (plus franche, genre jme barre) parce que le conflit devient trop dur à supporter. J’ai vraiment beaucoup de connaissance sur le sujet en plus, j’ai plein d’arguments, je suis très renseignée, j’ai des opinions tranchées, mais j’ai encore du mal à les faire valoir. Je suis très mal à l’aise quand les gens sont pas d’accord avec moi, surtout si c’est des gens « sympa », si c’est des gros c*ns bon, je peux me fâcher un peu, mais sinon, j’ai du mal à supporter le conflit…
En tout cas, je file regarder ça de plus près!
Je te le conseille vivement ! Et je trouve par expérience que plus on a ces conversations compliquées mieux ça passe. L’important à mon avis est de ne pas couper la conversation, même si on n’est pas d’accord.
Le bouquin Shrill me donne bien envie et merci aussi pour la recommendation du podcast, 99% de ceux que j’écoute sont américains, je suis toujours contente d’en découvrir des français.
Honnêtement, je ne connais pas ce podcast, mais c’est surtout pour cet épisode en particulier avec ma copine Paula !
Comme toujours, une suggestion fine et qui donne envie de lire. Je fais toujours exploser mon budget e-books quand je viens sur ton blog, mais c’est pour le meilleur 🙂
héhé, tu m’en diras des nouvelles alors