Quand une copine m’a proposé de l’accompagner à un cours de spinning, j’ai hésité, j’ai pensé NON mais j’ai dit OUI. Le code de conduite d’accepter toute proposition de sortie ne tolère pas d’écart, même pour les activités dont j’ignore le sens. J’ai ensuite regardé sur Internet, et j’ai vu que le spinning c’était une sorte de vélo de salle, qui peut bouger à gauche et à droite. Les gens avaient l’air content sur la vidéo, j’ai eu l’impression que c’était fun et cool. Et le mec qui a inventé ça, il est Californien, raison de plus complètement gratuite pour essayer.
❣
En allant au cours, je suis prise de doutes, j’ai mal au ventre, je crois que je stresse. Manu m’a dit d’y aller mollo, qu’on lui avait dit que c’était dur. J’arrive trop en avance, j’attends dehors ma copine, car l’air dans le couloir est irrespirable. Encouragement mental de moi pour moi-même : « C’est du sport, pour le fun. »
La salle est toute petite, remplie d’une quinzaine de vélos. Il fait noir, ambiance boîte de nuit. L’air de la salle est humide et chaud, sûrement à cause du cours qui vient de se terminer. Je règle la selle du vélo, j’installe une petite mousse dessus pour la rembourrer. La selle est étrangement très éloignée du guidon. Pour l’atteindre, je suis obligée de me pencher, et mes abdos et mes bras sont déjà contractés. Je serre mes baskets dans les pédales, une évidence s’impose à moi : je ne peux plus partir. Je souris à ma copine, assise sur le vélo à ma gauche. Elle me demande comment on dit gauche et droite en français. La musique commence, elle n’entendra jamais ma réponse.
Chris, le prof, met sa casquette à l’envers et explique comment tourner la grosse mollette sur le cadre, celle pour changer les vitesses, de la plus tranquille à la plus dure. Et c’est parti, on se met à pédaler. Il ne faut pas bouger les hanches, il faut garder le dos droit, sans se cambrer : pédaler sans se dandiner. Pigé. Je pédale.
Au bout de 3 chansons de dance-électro ultra forte, je n’en plus peux plus. Je me dis que ça y est, c’est maintenant : je vais mourir dans cette petite salle surchauffée, sur un vélo d’appartement, mon tee-shirt complètement trempée de transpiration, les fesses douloureusement calées sur une selle minuscule, entourée d’Américaines ultra-motivées en mini-short, bandeau sur les cheveux (les miens collent sur mon front), en écoutant du Cyndi Lauper remixée électro. J’inspire et je pédale au rythme de Cyndi, je me laisse envelopper par sa voix criarde, je ne veux pas m’arrêter, et techniquement, je ne peux pas de toute façon.
No, Cyndi, Girls just want to sweat
Je pédale en rythme, assise, debout, je tourne à droite, je reviens au centre, je pars à gauche, je plie les bras, je les tends, je m’assieds, je me relève. Je donne tout. Comme dans un film américain, j’essaie de me dire que je joue ma vie sur cette selle, mais bon, il faut se rendre à l’évidence, c’est dur, j’ai chaud, et le cours ne fait que commencer. Il doit durer 45 minutes. C’est pareil qu’un épisode de Mad Men. Pourquoi je suis là ? A quoi bon ? « Stay focused » Chris ne perd pas le fil. Est-ce qu’il a dit ça pour moi là, il a vu que mon esprit divaguait, ou c’est mon complexe de persécution qui prend le dessus ?
Je continue de pédaler mais j’essaie quand même de regarder à droite à gauche pour voir comment vont mes copines de sport ; hélas, la buée de transpiration m’empêche de les distinguer. Je suis seule sur mon vélo. Le prof m’aide à tourner à droite, à gauche, il voit que je suis en difficulté, en effet mes bras et mes cuisses sont brûlants.
On enchaîne : on va grimper une montagne. Je pense au Tour de France. « Tout est dans le mental. » Je continue inlassablement de pédaler. J’aurais peut-être bien une crampe dans mon pied gauche. Je ne peux même pas me gratter. Bon allez, je fais pas toutes ces heures de yoga le reste du temps pour m’arrêter de respirer, on va respirer là. J’inspire et j’expire, et je pédale. Je monte la montagne, vitesse 7, vitesse 4, vitesse 6, debout, assise, debout. « You’re doing good, ladies ! ». Je crois que c’est la fin, mais je n’ose même plus espérer. Il reste combien de chansons ? Je me dis que c’est ça l’enfer, ne plus s’arrêter de pédaler, jamais.
Tiens, on dirait que ça se termine. Oui, c’est fini, je m’étire, debout sur le vélo, je tends les jambes au max. Je tourne la tête à droite, à gauche. Je descends du vélo, mes jambes flageolent, je zigzague pour rejoindre les vestiaires.
Je suis rougeasse comme jamais, on dirait que j’ai pris un coup de soleil. Je suis trempée comme si j’avais pris une douche toute habillée, mais je me sens bien. J’ai qu’une envie, me reprendre un petit shot de spinning. Allez, je signe pour 3 cours supplémentaires. La prochaine fois, je mets un short et un bandeau. Je sors, je suis glacée : mes fringues sont trempées. Je farfouille dans mon sac à la recherche de ma clé de cadenas ; pour rentrer chez moi, je dois prendre mon vélo.
Vidéo non contractuelle
12 réflexions au sujet de “J’ai testé le cours de spinning”
Hahah je ne lis l’article que maintenant mais j’ai bien ri! A la salle on n’arrête pas de me demander quand est ce que je m’y mets mais j’ai tellement la frousse! J’ai peur de me rendre compte que je suis moins sportive que je ne le pense!
Salut! Super article, bravo d’avoir essayé, j’aimerais bien essayé aussi un jour.
Dis donc… tu te fais un corps de déesse-là !
Ahah, figure-toi que je trouve ça très drôle! Le retour en vélo a du être une partie de plaisir. Personnellement, je pense que j’aurais sacrifié mon vélo et je serai rentrée en taxi… (OU alors, j’aurais sacrifié la séance de spinning?)
La salle est très proche de chez moi, j’ai du pédaler 5 minutes supplémentaires. Et je pense qu’aucun taxi ne m’aurait acceptée…
Mais t’es une ouf toi!!! Moi j’ai déjà du mal à supporter ma prof de pilates parce que je trouve qu’elle parle trop fort (alors qu’elle parle juste comme une américaine)….
C’est vrai que certains profs ont une voix crispante, trop forte et nasillarde… En tout cas, j’attends ton propre retour d’expérience sur ta salle de sport !
Good lord ! fais gaffe à toi quand même
Je sais que tu seras toujours là pour me remettre dans le droit chemin. amen !
Ben voila… Moi, la phrase « c’est du sport » m’aurait fait partir en galopant ventre a terre pour rentrer sous la couette me remettre de ma frousse a grands coups de chocolat chaud mit marshmallows… Je crois que j’ai rate le cours « le sport, c’est fun » quand j’etais petite et je n’ai jamais appris cette lecon-la !
Felicitations, en tout cas, sacre esprit d’aventure ! J’ai transpire comme pas permis rien qu’en te lisant, j’ai fait du sport pour au moins deux mois grace a toi ^_^
Tiens, c’est marrant que tu me fasses remarquer ça… Mon moi d’il y a quelques années aurait sûrement passé son chemin aussi. Comme quoi, les années passant, on peut changer et aimer le sport. Ou pas.