Non-amateurs de randonnées et de grands espaces, cet article n’est a priori pas pour vous.
Mais si vous lisez ce blog, vous êtes sans doute plutôt amateurs de nuit au camping sans douche, de lever à 6h du matin, de serpent sur le chemin, de « on se serait pas perdus ? » – ou juste des récits qui racontent tout ça.
Il est temps de continuer l’interminable récit de ce road trip Utah-Nevada de l’été 2017. Ça a sans doute été l’un des roads trips avec les plus belles randonnées qu’on ait jamais faites (ce road trip n’est pas sponsorisé par une quelconque marque de chaussures ou de batons de randonnée, it’s for real, promis) : pendant ce voyage, il y a eu du haut niveau en matière de waou-itude sur les sentiers des parcs – nationaux ou pas nationaux. La leçon à en retenir est surtout : on n’a jamais vraiment « fait » l’ouest américain, même si on y était déjà allé, on avait encore plein de beaux endroits à découvrir.
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Cette étape à Canyonlands est arrivée après la courte étape à Capitol Reef, juste après Escalante, lui-même après Alstrom Point. Pour plus de précisions, le mieux est de lire le récap dans l’ordre chronologique.
Canyonlands est un parc national gigantesque de l’Utah, à côté de la petite ville très touristique de Moab. Après l’isolement des jours précédents, c’était un choc d’être de retour dans la civilisation.
Canyonlands comprend 3 secteurs :
- Island-in-the-Sky, l’île dans le ciel, en hauteur, on voit une immensité de canyons, le Colorado et la Green River – pour ceux qui regardent Westworld sur HBO, c’est le décor de la série
- il y a The Maze, le labyrinthe, super reculé et accessible en canoë ou en 4×4 (l’entrée n’est pas très loin du parc des Goblins),
- The Needles, les aiguilles, une partie reculée elle aussi mais pas aussi inaccessible que The Maze. C’est cette partie du parc qu’on a décidé d’explorer cette fois-ci. On y a passé 2 jours, on a fait 2 marches, on a parcouru en voiture la route scénique en s’arrêtant aux points de vue remarquables. Voici le récit et les photos de l’exploration des Needles de Canyonlands.
What’s next ? Manu réfléchit le doigt pointé
Vendredi matin, départ de Moab
Moab me déprime un peu : une ville faite de toutes pièces au milieu du désert, bruyante, un peu crade. Mais bon, c’est le seul pôle touristique urbanisé de la région. Pour le côté positif – on est aux US tout de même – elle a un côté loin de tout qui me plait bien, sportif (il y a plein de sports extrêmes organisés là-bas), et surtout au milieu de beautés naturelles exceptionnelles : it’s not so bad.
On part de notre hôtel de Moab tôt le matin, mais tout de même après le petit déjeuner pris avec les autres hôtes – des Américains et des Hollandais, on parle de voyage of course, chacun raconte ce qu’ils ont fait, où ils vont.
Il y a 1h30 de route sur l’US 191, puis une route cabossée de 56 km pour rejoindre le visitor center du secteur des Needles.
Notre bon pour s’installer au camping
Au visitor center, on discute dans l’arrière boutique spéciale « back country campground » avec 2 rangers qui n’ont pas l’air d’avoir marché dans le parc depuis plusieurs années – j’imagine toujours le ranger comme un un véritable aventurier qui débroussaille les chemins avant d’aller travailler, mais bon, en général c’est juste un mec avec un chapeau qui fait son boulot dans un bureau climatisé. Je suppose qu’il aime la nature aussi et que dans la partie hobbie de son CV il a écrit : marcher, et/ou chasser et/ou nager dans les rivières.
Bref, on est ok pour aller camper avec nos sacs à dos, mais il faut savoir si on a le temps de le faire, les emplacements de camping sauvage sont assez loin ( le camping dit sauvage est tout de même en partie encadré dans les parcs nationaux). On hésite : on est un peu rebuté par le coût du camping sauvage (30$ + les sacs à caca obligatoires, à transporter aller-retour) : il n’y a que 7 emplacements, il en reste 2, il faut marcher 3h avec les sacs à dos chargés d’eau. Le ranger nous dit aussi qu’il va pleuvoir, voire faire de l’orage. Toutes ces conditions nous amènent à choisir plutôt le camping « normal », certes, sans douche mais avec de l’eau courante et des vraies toilettes (le luxe absolu) pour la modique somme de 10$ pour 2.
On discute aussi des randonnées, on achète une carte précise des sentiers, ce qui ne nous empêchera pas malgré tout de nous perdre dans ce dédale de pierres…
Mise en jambe pas dégueu
Une fois qu’on a notre emplacement de camping choisi, réservé, payé, on plante la tente, le gardien du camping vient discuter avec nous, il a l’air de bien s’y connaître. Il nous dit de faire attention à la chaleur, ils ont déjà eu plusieurs morts par déshydratation cet été, « des jeunes, comme vous ». Il nous parle comme un oracle : en gros, il me fait peur. On se réserve la longue randonnée pour le lendemain, et on part en faire une petite de fin d’après-midi.
Je ne vais pas vous raconter en détails la randonnée n°1 (Big Spring to Squaw Canyon) tout simplement car elle ressemblait beaucoup à la randonnée n°2 du lendemain. Elle n’était pas sensée lui ressembler mais on s’est trompé de chemin – même avec une carte précise : en rebroussant chemin après de nombreux kilomètres, on s’est rendu compte qu’on avait raté le seul panneau du départ. Good job losers.
On a tout de même marché 3h30, touts seuls à ne pas croiser une seule âme (à part celles de lézards et un serpent, et quelques lapins) : c’est une bonne petite mise en jambe pour le lendemain.
On est déjà séduit par les lieux, silencieux, labyrinthiques, arides et mystérieux.
Vendredi soir, coucher de soleil sur les Needles à Pothole Point
Notre tente était plantée, tout était prêt pour le soir, on pouvait donc rouler jusqu’à ce qu’il fasse noir sans se soucier de où on allait bien pouvoir dormir le soir-même.
On est allé sur un gros rocher voir le coucher de soleil sur les Needles qu’on voit de très loin sur la photo ci-dessous, et qu’on est allé voir de très près le lendemain.
Alors que le soleil se couchait et la nuit s’installait, perchés sur notre gros rocher, on s’est mis à craindre la sortie des serpents, suite à notre mésaventure quelques jours plus tôt.
Samedi matin, Chesler Park, une randonnée a-ma-zing
Réveil : un peu avant 6h, on est sur le sentier à 7h
Distance parcourue : 18 km
Niveau : Cette randonnée est absolument magnifique, elle est de niveau moyen à difficile, difficile car elle est longue (ça se fait sur une demi-journée) et qu’il y a beaucoup de rochers, grimpette, descente, marche dans le sable par moments, il faut être un peu en forme pour le faire.
Il faut absolument une carte pour se repérer, même s’il y a des cairns le long des sentiers et quelques rares panneaux. On a tout de même croisé une guide au milieu de Chesler Park qui aide les visiteurs perdus, elle avait un parapluie pour s’abriter du soleil, de l’eau, des cartes, des barres de céréales : un ultime secours au milieu de la nature, si on arrive à tomber sur elle, pour nous, c’était complètement par hasard.
On démarre à 7h, c’est tôt, mais il va faire chaud (en partant, il ne fait que 80F, soit 26C) ! Le jour s’est levé, les couleurs sont rose-bleu, c’est sublime.
Tout le long de la marche, on se demande ce que sont les « Needles » : on y est ? ça y est ? On va les passer deux fois, pour entrer et sortir de Chesler Park.
Un premier passage entre deux needles, le terrain est accidenté
Il y aura plusieurs de ces couloirs étroits où on traverse en marchant sur un fond de sable
Au début de la promenade, un des passages les plus sympas, on descend puis on remonte, le tout en suivant les cairns pour avancer. Comme on s’est déjà trompé la veille, on est aux aguets
Comment dire ? C’est sublime, on est tout seul, on a croisé 10 personnes maximum pendant cette randonnée, un samedi d’été pourtant
On passe une nouvelle « barrière » de needles et nous voici au milieu d’un champs de rochers
C’est beau
Super beau
Petit passage par un sentier réservé aux 4×4, cette route a l’air toute simple mais elle est complètement défoncée par moments, et accessible seulement à des conducteurs aguerris et munis d’un véhicule susceptible d’encaisser les chocs. Pendant notre randonnée, la passage par la route est assez court, le temps de rejoindre un autre sentier dans les cailloux
« The joint trail » : c’est la bonne surprise de cette randonnée, un passage au milieu d’énormes rochers. On croise d’autres marcheurs qui nous disent « have fun », et en effet, c’est un passage hyper impressionnant et amusant. Je n’avais jamais vu ça.
Les « têtes » des aiguilles, moi j’avais l’impression d’être – de façon complètement hors contexte – dans un temple égyptien
Ça grimpe pour en sortir
La prairie du Chesler Park : le « but » de la randonnée, même si toute la randonnée était tout simplement incroyable
Le camping sauvage aurait été au pied de ces aiguilles, et je suis contente qu’on ne se soit pas lancé dans la randonnée la veille, avec les sacs et l’eau (il n’y a pas d’eau dans le parc), ça aurait été dur. Cela dit, c’est un emplacement magnifique au milieu du parc : totally worth it.
Looking dumb but happy, and tired too
On termine la randonnée après 6h30 de marche, et une petite pause sandwich au milieu de Chesler Park. A l’arrivée à la voiture, j’enlève mes grosses chaussures et retrouve avec plaisir mes tongs. My feet are Free! On boit de l’eau tiède, réchauffée après des heures dans la voiture transformée en sauna, mais qu’importe. On est fourbus, du bon fourbu, du fourbu de « wow, on vient de voir un truc superbe, irréel ».
Je dors dans la voiture tandis que Manu fait plein d’arrêts photo, puis on repart vers Moab. La parenthèse Needles est terminée.
Samedi soir, détour par Island-in-the-sky
Avant de retourner à notre hôtel (on a réservé le même que 2 jours plus tôt), on va revoir la vue exceptionnelle en haut de Island-in-the-sky, la partie la plus connue de Canyonlands. On hésite à aller à Arches… on y est déjà passé, on n’a pas beaucoup de temps, est-ce que ce serait trop bâclé d’y retourner « juste pour voir » ?
On choisit Canyonlands.
En contemplant l’immensité, on trouve ça plutôt cool, et déjà presque irréel d’être allé tout au bout. Il y a tellement encore à explorer !
Le soir, on mange thaï dans un resto à Moab, à nouveau, c’est toujours étrange de faire un truc « civilisé » après 24 heures intenses dans la nature.
En tout cas, demain, on a déjà notre programme de prévu : du rafting sur le Colorado.
Les autres articles à lire sur le même lieu, Canyonlands (Utah):
- Canyonlands et Dead Horse State point
- « La route de la mort » : une route scénique plus qu’impressionnante à Canyonlands
- Le récap de ce road trip Utah-Nevada : l’ouest américain « off road »
- Arches National Park
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✎ Vous avez vécu une autre expérience dans les Needles, racontez-la ci-dessous !
14 réflexions au sujet de “(Utah) Une randonnée a-ma-zing dans les Needles de Canyonlands”
La 6ème et la 7ème photo sont incroyablement belles mais je crois que je préfère celle de vous deux. Vous êtes beaux et super touchants par la même occasion <3
Superbe!! On a fait la même balade et on s’est un peu paumés au début aussi… Je ne sais pas si vous avez déjà essayé mais on utilise l’application Alltrails : tu télécharges le plan de la rando sur ton téléphone et ensuite tu es géolocalisé sur le chemin, même sans réseau. Je recommande, ça nous a permis plus d’une fois de nous rendre compte qu’on allait pas dans le bon sens 🙂 (c’est payant – mais promis je n’ai aucune part dedans!)
Hello Carole, oui on connait bien All trails et d’autres sites de randonnées (Outdoor something ? Le nom m’échappe) et quand on est bien préparé on imprime les cartes avant – je ne fais pas confiance à mon téléphone pour nous guider, s’il s’arrête, n’a plus de batterie, c’est la mort.
Sublime en effet !!!!!!!!!
J’y suis allé en juillet dernier mais la chaleur de Chesler Park ne nous a pas permis de boucler la boucle,…
J’espère qu’en chemin vous avez pu effectuer un arrêt à Needles Overlook qui, pour moi, est un des plus beaux points de vues jamais rencontré jusque là,
sinon vous devez faire demi tour au plus et vite et y aller 😉
Arf ! C’est tellement beau…
Du rêve et encore du rêve dans mon petit appart. ça fait du bien…
Merci !!
Je pense qu’on a fait la meme balade que vous mais en décembre. C’était effectivement très beau avec le passage entre les rochers. Il y avait encore de la neige et de la glace pour nous. Et ça s’est pas terminé très bien pour moi puisque qu’au retour juste avant de regagner la voiture j’ai glissé et fait une chute dans les rochers et j’ai terminé la journee aux urgences de Moab.
Sinon mon mari y est retourné et à fait la route jusqu’au colorado overlook. C’est un coin plus que magnifique.
Cette randonnée est extra, difficile c’est sûr, je ne dirais pas que c’est une balade… pas cool pour ta blessure par contre :/
la dernière photo est sublime !
Avec déjà 3 tours dans l’Ouest je ne suis pas encore allée aux needles. alors il faut que je remédie à cela !
Moi perso j’adore Moab : le côté sportif et hippie en même temps me plait à chaque fois (et puis j’adore le café et le petit déj dans le patio d’Eklektica.)
Super beau! Vous parvenez toujours à trouver de supers endroits, pour camper ou randonner… Ça donne envie! Merci de nous montrer tout ça, et surtout de le raconter de manière sympa, on a l’impression d’y être.
La 6ème et la 7ème photo sont incroyablement belles mais je crois que je préfère celle de vous deux. Vous êtes beaux et super touchants par la même occasion <3
J’essaie de mettre ça au programme 2019, car c’est trop beau !
Ces reliefs et ces couleurs, c’est magique!!
Comme d’habitude les photos sont wahou, ça donne envie d’enfiler son sac à dos et de partir tout de suite ! (Et pour avoir visité des temples égyptiens l’été dernier, je comprends pourquoi ces parois ocres t’y font penser !)
Ces couleurs , c’est waouh ! merci pour le partage et sur le détail des randos, sans doute un jour j’irai là bas …;