Je viens de terminer le livre Eating Animals de Jonathan Safran Foer (en français, Faut-il manger les animaux ?), et je ne veux plus manger de viande. Mon nouveau gourou m’a persuadée que ce n’était pas bon pour moi. J’ai déjà un passif de persuasion par ce type de lecture : Allen Carr m’avait convaincue, un temps seulement, d’arrêter de fumer. Ma nouvelle marotte est à présent la chasse, si je puis dire, à la viande produite industriellement.
Déjà en France, il y a quelques mois, j’avais commencé à limiter drastiquement la viande, la faute principalement à la cantine d’entreprise, qui servait de la viande vraiment pas bonne. Poulet, porc, et même saumon et panga, je préférais éviter. À force de m’en passer, je me suis mise à aimer de moins en moins quand j’en remangeais, mais je ne voulais pas affirmer radicalement que la viande et moi, c’était fini.
En arrivant aux Etats-Unis, j’ai remarqué au supermarché des packs de viande précisant « No antibiotics », ce que je trouvais inquiétant, dans la mesure où ça supposait que d’autres en contenait. On a acheté du coup de la viande beaucoup plus chère, avec une fermière dessinée dessus, mais bon, je n’étais pas vraiment sûre non plus que c’était un véritable gage de qualité. Dans le bouquin, l’auteur parle des abus de l’étiquetage, en dénonçant des appellations peu fiables comme organic, free range ou cage free (pour les œufs) [NB. il me faudrait un bon Service Public américain !] Du coup, si rien n’est fiable, je dois commencer à me nourrir uniquement de chips à 70 cts le paquet ? ou je deviens vraiment végétarienne ?
Le vrai truc choquant du bouquin, c’est que l’auteur affirme que 98 % de la viande aux Etats-Unis est « produite » de façon industrielle. Je ne pensais pas que c’était à ce point systématique, ce qui implique des animaux maltraités et malades… dans presque tous les cas. Ils sont gavés de médocs pour grossir plus vite et être tués plus rapidement. En mangeant ensuite cette viande « dégénérée », on ingère aussi tous les antibiotiques. Vous allez me dire : rien de nouveau, on le savait déjà, les poulets en batterie, toussa. « Et alors ? On va s’arrêter d’en manger uniquement à cause de ça ? on est des humains, et les humains sont omnivores. » Ce genre d’arguments, je les trouve assez foireux et légers, du même genre que ces idées toute faites qu’on entend dès qu’il est question de végétarien.
- Si on commence à regarder ce qu’il y a dans notre assiette, on ne mangera plus rien.
- Moi j’aime trop ça pour m’en passer.
- Je ne réalise même pas que c’était un animal avant d’être de la viande.
- C’est encore un truc à la mode.
Je pense que c’est difficile d’ignorer la manière de production de la viande, et de continuer d’en manger comme si de rien n’était, ou du moins sous le simple prétexte que « c’est bon » ou « c’est comme ça ». Pas de panique, je ne cherche pas à convaincre qui que ce soit. D’ailleurs, je faisais régulièrement le compte-rendu de ma lecture à Manu, le matin au petit déjeuner ; il a certes fini par jeter de lui-même un paquet de peau de porc grillée qu’il avait planqué dans le placard, et a même commandé une fois un sandwich végétarien. Mais il conservera son régime habituel d’amateur de tripes et d’andouillette (et de beef jerky).
J’imagine déjà soupirs et haussements de sourcils, car oui c’est chiant quelqu’un qui a un régime alimentaire différent des autres. Je préfèrerai être la bonne copine qui mange et boit de tout et non la relou qui commande un gaspacho avec un verre d’eau et une rondelle de citron, quand tout le monde veut manger un burger. Paradoxalement, autant la viande me dégoûte, autant je surkiffe la charcuterie… Tous mes critères éthiques vacillent face à du saucisson. Heureusement qu’il y a pas mal de solutions ici pour manger comme j’ai envie. Les restaurants doivent proposer au moins un plat végétarien dans leur menu. Et il y a même des restos très sympas complètement végétariens.
Pour d’autres idées où sortir à Cambridge ou Boston, consultez le guide des bonnes adresses.
23 réflexions au sujet de “Faut-il manger les animaux ?”
La solution, sans se donner de grands airs, c’est d’être flexitarien. Je ne cuisine pas de viande, mais quelquefois du poisson du lac (Léman). Lorsque je suis invitée, je mange ce qu’il y a et au restau, je mange végétarien. Avec une fille végétarienne et un homme omnivore qui déjeune à la boîte, je suis arrivée à une cohérence (personnelle). Et pour le saucisson (oui, moi aussi…), nous avons un élevage de porcs en liberté tout près de chez nous. Le reste de la nourriture est bio ou local. Si tu n’achètes pas de viande, ton budget « courses » est élargi pour cela.
On m’a dit que beaucoup de viandes aux US étaient traitées aux hormones : résultat, on devient accro et même la viande sans hormone devient « fade ».
Vous avez vu des choses la dessus ?
depuis quelques jours, via le blog des chercheurs d’oz, je suis le tien et quelle joie de pouvoir avoir un point de vue sur Boston (car outre mon rêve de gamine de l’Australie, si je devais choisir une ville américaine sans l’avoir visitée, ça serait Boston et uniquement Boston) bref je voulais déjà poster un commentaire sur l’article des prénoms que j’ai trouvé très drôle, mais rassurée de me dire que mes deux prénoms sont finalement très américains (Alexandra Indiana, oui oui comme l’état, comme Jones, comme le chien …), mais sur cet article sur le végétarisme, je ne pouvais passer à coter 🙂 je suis végétarienne depuis près de 5 ans (depuis mes 18 ans en vrai) et si je ne peux qu’apprécier ta prise de conscience, il me semble nécessaire de rétablir un fait, les végétariens ne mangent ni viande ni poisson, donc même si tu ne mangeais plus de viande (ce qui est déjà génial), tu n’en serais pas végétarienne pour autant. il est important de préciser, car on me dit souvent, « tu manges du poisson au moins ? » et c’est très chiant, car non je ne mange aucun animal vivant et le poisson est un animal (merci pour eux lol). bon après je ne fais nullement de militantisme, je suis pour le vivre et le laisser vivre, mon compagnon est omnivore et l’organisation pour les courses et la cuisine se fait très naturellement, je cuisine la viande (et même la dinde de Thanksgiving) mais je n’en mange pas, c’est donc un choix personnel que je n’impose à personne et je juge encore moins, mais il me semblait quand même important de préciser le poisson. désolée j’ai écris un roman … en tout cas je poursuis ma lecture de ton blog, merci encore pour cette tranche de vie 😉
intéressant! j’ai aussi bien envie de lire ce bouquin de Foer mais d’un autre côté, j’ai aussi bien peur des atrocités qu’il va me révéler et peur de ne plus rien vouloir manger par la suite,…heureusement qu’à NYC, on peut encore un peu s’en sortir dans des restaurants veggie et bio!
Ecoute, moi ça m’empêche juste de manger des chicken wings, c’est bête, mais je suis écoeurée…
avec le beau temps de ce WE dans le sud-ouest, c’était cote de boeuf à la cheminée…désolée.
Miam, moi je prends !
fayot
La blague c’est que nous mangeons aussi beaucoup de pesticide dans les fruits et légumes (et je vous passe l’épisode de l’irradiation avec une source gamma pour mieux conserver les fruits/légumes/céréales…).
Et oui, le danger nous guette de tous les côtés… Du coup on préfère choisir des aliments « organic » quand on peut !
je pense qu’en vieillissant petit à petit on le deviendra tous un peu, végétarien…
mais il y a une solution parait il ? un bon fou rire vaut un steak alors éclatons nous hihihihi
Anna, j’aime ton style !!
Difficile financièrement quand on a une famille nombreuse d’acheter de la viande de qualité…il faut vraiment faire des choix. Pour les légumes c’est malheureusement pareil, heureusement qu’il y a les petits marchés, mais globalement pour bien s’alimenter aujourd’hui il vaut mieux avoir un bon salaire. La solution chez nous pour remplacer la viande, c’est de rajouter du fromage…Dans tout les cas pour faire bien passer le fait qu’il n’y ait pas de viande on cuisine beaucoup les légumes et à force on est beaucoup moins attiré par la viande…
Encore merci pour toutes ces lectures passionantes
Merci Francyne pour ton message ! Eh oui, c’est souvent une question de choix… Peut-être faire mieux mais moins souvent, comme ça on ne dépense pas trop ?
Ça veut dire que quand je viens je dois te ramener une caisse de saucisson maigre de fabrication artisanale ? #DiableTentateur…
Du saucisson de tofu s’il te plait.
Ça fait un an que ce livre trône sur un meuble de mon salon, je ne me suis pas encore résolue à le lire. Par peur de découvrir des atrocités…
Et pourtant, je fais déjà super gaffe à la provenance des aliments que je mange; et dès que je suis en dehors de chez moi, je deviens cette control freak chiante. Et j’ai quasiment honte alors que je devrais être fière de mes principes mais je crois que je n’assume pas mon côté énergumène qui demande à tout bout de champs la provenance de la viande dans les restaurants… Ce qui fait qu’on sort de moins en moins au resto. CQFD.
Après ce qu’il y a de bien aux States si l’on compare avec la France, c’est que la proportion de restos vegan est quand bien même vachement plus importante, ce qui laisse un éventail de possibilités. A Grenoble, je peux toujours rêver: il y en a un seul.. et encore ..
Donc après ce long pavé, j’ai envie de dire que je te comprends tout à fait !
P.S. : moi aussi j’adore la charcuterie. dur choix de vie 😉
Merci pour ton message !
Bon le livre n’est pas aussi atroce qu’on pourrait l’imaginer, ça vaut le coup de le lire, même si je n’adhère pas à toutes les idées de l’auteur.
J’ai toujours refusé d’entrer dans un KFC, mais il faut dire que j’ai eu la chance d’être élevée à manger les poulets/lapins de ma grand-mère.
J’ai pas mal pensé à devenir végétarienne vu tout les méfaits de la viande sur le corps humain (quand consommé en excès), mais les extrémistes végétariens me font trop flipper (ne parlons pas des vegans…). Mais bon, la race humaine ne se serait pas développée sans les protéines donc autant en manger moins mais de meilleure qualitée.
En Australie, se sont presque tous de purs carnivores avec leur bbq 🙂 mais j’ai testé des resto végétarien et c’était délicieusement préparé!
Comme toujours, il faut choisir la voie du milieu.
Sensei Mathilde
On a sensiblement le meme raisonnement : la viande, c’est chez le boucher de quartier, issue d’elevages raisonnes, de petite taille, dans lesquels le animaux ne sont pas maltraites (enfin, normalement, quoi). Je prefere ne pas en manger du tout que de manger de la viande qui ne soit pas « bonne ». Pareil pour les fruits et les legumes : c’est marche de producteurs, de saison et c’est bien mieux ainsi !
Pour les restaurants, meme chose ici, c’est tres facile de manger vegetarien presque partout. J’aime avoir ce choix-la.
(et part ca, tout de meme, saucisson forever!)
Saucisson forever… Dire que j’ai passé 5 bonnes minutes à essayer d’expliquer ce qu’était du saucisson à un Américain
Tant de souvenirs de saucisson, comme un simple apéro bière-saucisson-cornichon, c’était le bon vieux temps !